Hermelinghen. Obséques de Mr Hénon.
Mesdames et Messieurs.
Il n’est pas dans les habitudes d’un conseiller général de prendre la parole au cours d’une cérémonie religieuse, surtout lors d’un enterrement. Pourtant, quand on m’a demandé de dire quelques mots pour évoquer Monsieur Emile Hénon, j’ai tout de suite accepté, en me disant : « C’est un peu le conseiller général qui va parler… Mais c’est surtout l’homme qui va dire au revoir à Grand père Hénon. » Ce petit mot ne sera que l’espace de quelques phrases, mais il ne sera pas inutile car c’est toujours instructif de rappeler ce qu’est un homme dévoué et c’est souvent important d’évoquer un homme pour rappeler ce qu’est un homme d’honneur … la mémoire des gens étant, bien souvent trop courte.
Plus que ses mandats de maire et ces décennies passées au sein d’un conseil municipal, monsieur Hénon laissera surtout l’image d’un élu rural comme on n’en trouve plus ou comme on en trouve très peu.
C’est vrai que Monsieur Hénon était maire, mais il n’en avait pas que le titre… il en avait aussi la fonction. Il s’investissait à fond dans sa charge et dans ses devoirs car pour lui, le rôle d’un maire, c’était surtout
- d’harmoniser les choses, avec un peu de bon sens,
- de simplifier la vie de ses concitoyens, avec un peu de bonne volonté - et d’embellir les lieux de vie avec un peu de couleur.
C’est vrai que Monsieur Hénon était maire, mais il n’en briguait pas les honneurs. Pour lui, être maire, c’était savoir écouter, savoir intervenir et savoir être utile, en oubliant tout intérêt personnel. Et quand quelque chose était utile et qu’il n’avait pas les moyens de le faire, il le faisait lui-même.
C’est vrai que Monsieur Hénon était maire mais, même avec un caractère bien affirmé, il avait su garder une simplicité presque timide et une humilité typique des gens qui vivent en milieu rural.
Oui, Monsieur Emile Hénon était un honnête homme, comme on disait au siècle passé… et le seul reproche que certains auraient pu lui faire, c’est qu’il avait 2 passions : sa famille et sa commune. Mais son épouse ne lui en voulait pas et les habitants d’Hermelinghen ne s’en plaignaient pas. Car il chérissait sa commune comme on chérit un être aimé : il voulait qu’elle soit belle, qu’elle soit attrayante, qu’elle soit un plaisir pour les yeux…. Et pour cela, il était exigent avec lui et avec les autres mais, en tous cas, il réussissait.
Oui, comme je l’ai dit tout à l’heure, des élus comme lui, on en trouvera de moins en moins.
Permettez-moi de terminer par 2 souvenirs.
Le premier, c’est en 1994. Alors que j’étais en campagne électorale, Dominique Dupilet me dit : « Viens, on va aller saluer le maire d’Hermelinghen. » Nous arrivons sur la place du village où il n’y avait personne à part 2 jardiniers en train de repiquer des fleurs. Et lorsque j’ai interrogé notre député sur le lieu de la rencontre, Dominique Dupilet m’a répondu : « C’est ici…. Le maire, c’est ce monsieur, à quatre pattes, qui est en train de faire du jardinage… » C’était cela Emile Hénon…
Le second souvenir date de 1995, quand il a décidé d’arrêter sa fonction de maire. Je lui ai dit très simplement. « Monsieur Hénon… Je n’ai pas eu la chance de connaître mes grands-pères… Et puisque dans ce monde, en particulier en politique, il faut souvent avoir un arbre généalogique… Maintenant que je vous connais, Monsieur Hénon, je vous avoue que j’aurais bien aimé que vous soyez mon grand-père »…. Ca l’avait fait sourire et je crois que cela lui avait fait plaisir.
Madame Hénon. Sachez que nous sommes tous venus, aujourd’hui, élus ou simples habitants du canton, pour saluer un homme qui fut, durant sa vie, unique, honnête, respectable et exemplaire… un brave homme comme on aimerait en voir plus.
Et permettez-moi un dernier clin d’œil, d’autant qu’il m’est arrivé quelquefois de le taquiner :
Depuis la semaine dernière, il a beaucoup plu… Eh bien, je suis persuadé que c’est à cause de grand-père Hénon… Je suis sûr qu’il est allé voir le bon Dieu et lui a dit, d’un air sévère : « Tu sais, sur la terre, le mois d’avril a été fort sec…. Alors, dépêche-toi de faire pleuvoir sinon les fleurs, dans le canton de Guînes, ne vont pas être belles, cette année ! ». Là encore, il a pensé à sa commune, une fois encore il a pensé à nous… Merci pour tout, Monsieur Hénon et cette année, en repiquant les fleurs, soyez certain que nous garderons une pensée pour vous.
Hervé Poher