Séance plénière du Conseil Général
Monsieur le Préfet,
Le 6 Décembre 1998, vous êtes venu, en Sous-Préfecture de Calais, pour rencontrer les Elus.
Etaient présents: - Les Députés
- Les Conseillers Généraux du Calaisis
- Le Maire de CALAIS
- Les Présidents des Communautés de Communes
Votre message a été direct et a le mérite d'être clair. Vous avez dit:
"Vous les Calaisiens
- Vous avez eu le Tunnel et pourtant votre taux de chômage est supérieur à la moyenne
- Vous avez eu les autoroutes et pourtant votre développement économique est médiocre
- Vous avez eu la cité de l'Europe et pourtant votre dynamique locale est poussive
- Vous avez pris du retard dans la construction de vos intercommunalités et le résultat est loin d'être parfait
- Vous avez mis 8 ans pour faire un Schéma Directeur qui est perfectible"
Bref, vous avez dit que dans le Calaisis, nous avions une fâcheuse tendance à regarder passer les trains!!!
Ce discours, Monsieur le Préfet, avait un but : nous faire réagir et le moment était particulièrement bien choisi, car vous saviez que les esprits étaient mûrs, que les mentalités locales évoluaient et que nous étions tous prêts à prendre, tous ensemble, notre avenir en mains.
C'est pourquoi, quand le projet "Marques Avenue" est apparu, la grande majorité des Elus et la grande majorité des habitants du calaisis ont senti que ce pouvait être le début d'une nouvelle forme de raisonnement intercommunal et, surtout l'occasion de rattraper nos retards économiques.
Imaginez, Monsieur le Préfet, le Tunnel + le Cité de l'Europe + Marques Avenue + des Hôtels, le Jardin Virtuel. Nous avions la possibilité de créer à Coquelles, le plus grand centre commercial et ludique du Nord de l'Europe. Et ce n'était plus 20 ou 30 millions de passagers. C'était des dizaines de millions de personnes qui venaient dans le Calaisis et, de là, pouvaient découvrir la Côte d'Opale, le Département du Pas-De-Calais, et même une région entière.
Le processus légal et démocratique a été respecté et un espoir énorme avait été engendré.
Hélas, l'activisme d'un groupuscule de pression a fait que certains décideurs ont pris peur et une interprétation orientée du dossier a fait que ce projet est retardé, et je l'espère sincèrement, uniquement retardé.
Monsieur le Préfet, un philosophe a dit :"La démocratie, c'est l'art de faire croire au peuple que c'est lui qui dirige"
Dans le dossier de "Marques Avenue", certains n'ont même pas pris la précaution de nous laisser croire que le processus démocratique était respecté et que les Elus locaux avaient un rôle à jouer, aussi minime soit-il. Et c'est bien dommage, et j'ajouterais : c'est bien triste pour le calaisis et le Département aussi.
Je tiens à préciser, Monsieur le Préfet, que ce que je viens de dire s'adresse à Monsieur le Préfet, représentant d'un gouvernement républicain et non pas à Monsieur CADOUX, Préfet du Pas-De-Calais.
Permettez moi de terminer, Monsieur le Préfet, en vous proposant le futur sujet du baccalauréat dans le Calaisis, pour l'épreuve de philo :
" Montrez avec des exemples concrets, les différences entre la Démocratie et l'Aristocratie, et démontrez ensuite comment une aristocratie peut vite se transformer en Oligarchie".
Je suis sûr que les étudiants calaisiens auraient des exemples très parlants.
Excusez moi, Monsieur le Préfet, d'avoir été dur, mais le Calaisis ressent un sentiment d'injustice qui pourrait nous amener, petit à petit, vers la paranoïa et la camisole de force n'a jamais été un traitement pour la paranoïa.
Hervé Poher