Discours d'inauguration du Centre pour autistes adultes. Guines
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Il y a dans la vie des collectivités, comme dans la vie des hommes :
- des instants importants
- des évènements mémorables
- voire des moments privilégiés
· Si ces instants sont importants, c’est qu’ils sont porteurs de symboles
· Si ces évènements sont mémorables, c’est qu’ils marquent à tout jamais l’existence d’un être ou d’une collectivité
· Si ces moments sont privilégiés, c’est parce qu’ils nous permettent de satisfaire ce besoin d’idéal que nous éprouvons tous.
Aujourd’hui, nous inaugurons « Le Petit Prince », Foyer d’Hébergement pour Autistes Adultes. Et, vous en conviendrez, c’est un moment important, mémorable et privilégié ; et tous les actes que nous accomplissons dans notre vie publique ou privée, n’ont cette haute valeur ajoutée.
· Bien sûr, un Maire est heureux d’inaugurer une nouvelle mairie ou une nouvelle école. Il veut imposer par là sa notion du service public.
· Bien sûr, une collectivité est heureuse d’ouvrir une maison de l’enfant. Elle rappelle par là que la finalité fondamentale de l’action publique, c’est de s’occuper de l’avenir, donc des enfants.
· Mais inaugurer un centre pour autistes, c’est à la fois de l’aménagement du territoire, du service public et c’est surtout un acte de solidarité.
Le jour de la pose de la première pierre, je vous ai raconté l’histoire de cette petite fille autiste, que j’avais appelé Emilie.
Je vous avais conté l’apparition et l’évolution de ce trouble, le désarroi du corps médical et la désespérance de la famille ; cette famille qui dit « pourquoi elle ? pourquoi nous ? », car vous le savez, en médecine comme dans d’autres domaines, il n’y a rien de plus angoissant que de ne pas comprendre, que de ne pas savoir.
Le génie humain est impressionnant et je suis sûr que nous finirons par comprendre et par savoir. Mais en attendant, nous nous devons de penser à ceux qui, actuellement sont touchés ; nous nous devons d’être à côté de ceux qui involontairement sont tombés dans l’angoisse et nous nous devons d’assumer ce geste si humain, qu’on appelle solidarité.
Merci à la Vie Active et à tous les financeurs qui ont osé ce bâtiment. Ce merci, je le dis au nom de la collectivité, au nom des familles et au nom d’Emilie qui a peut-être compris, que son ciel est un peu moins gris.
Alors…Bienvenue à Emilie, dans ce château qu’on a appelé « Le Petit Prince ». Ce palais sera ton royaume et quand un royaume est construit sur l’amour et la solidarité, il est indestructible.
Mais, très sincèrement, Emilie, je dois t’avouer que j’espère de tout cœur pouvoir, un jour détruire ce bâtiment…Cela voudra simplement dire qu’on a enfin compris l’autisme et que tu es enfin guérie. Et ça, c’est un des merveilleux challenges pour notre humanité.
En inaugurant ce bâtiment, aujourd’hui, nous ne faisons qu’une chose : nous tendons la main… Et quand l’autre est en détresse, tendre la main, c’est bon, ça fait du bien et c’est normal.
Aujourd’hui, Emilie est devenue guînoise, nous sommes heureux et fier.
Merci à vous
Hervé Poher