Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Lorsque Marc m'a communiqué le texte de son discours, je dois avouer que j'étais très perplexe.
Perplexe, non pas sur ce qu'il a dit, mais perplexe sur ce que je pouvais dire !. En effet, le 1er Adjoint de la Ville de Guînes a tout dit : le bilan de l'année écoulée, les grands dossiers à venir et ses propos reflètent bien l'ambiance studieuse qui règne à la Mairie.
N'ayant plus rien à dire, je pourrais arrêter la Cérémonie des Vœux maintenant !…Mais avouez que cela ne ferait pas très sérieux.
Aussi, pour ne pas en rester là, je vais reprendre quelques points évoqués ou non par Marc, et sans rentrer dans les détails, je vais essayer de vous faire percevoir l'ambiance, les questions et les états d'âme qui ont accompagné notre gestion et nos décisions.
Bref, je vais vous livrer quelques traits d'humeur.
Et comme le disait le Docteur Diafoirus, dans les pièces de Molière : "il faut d'abord éliminer les mauvaises humeurs".
Nous sommes plutôt d'humeur belliqueuse quand on parle de la pompe du Marais.
Décidée début 2001, suite aux inondations de 2000; entièrement financée en Juin 2001 par l'intervention du Conseil Général, de la Ville de Guînes, de la Communauté de Communes des Trois-Pays et de la 5ème Section de Wateringues…Nous sommes début 2004 et elle n'est toujours pas installée !!
Ce n'est pas la faute à la Municipalité, car j'ai personnellement forcé la main à tout le monde et j'ai trouvé les financements. Ce n'est pas la faute à la Section de Wateringues qui attend, désespérément, les autorisations.
Non, ce retard incompréhensible est du à la lenteur caricaturale des procédures, à une inertie (que je pense volontaire) de certains organismes et à la complexité cafkaïenne de la consultation de gens qui ne connaissent même pas le terrain.
A ce sujet, j'ai pris connaissance, par hasard, de l'avis de certains organismes et en particulier du Conseil Supérieur de la Pêche qui ose émettre un avis hautement défavorable à l'installation de cette pompe.
Cet avis pourrait ressembler à un texte de comique troupier, si le sujet n'était pas aussi grave. Quels sont les arguments de ce Monsieur ?
1er argument : "Avant de mettre une pompe, il faut lutter contre le ruissellement des eaux et l'érosion des sols ".
Ce Monsieur, sans doute très mal renseigné, ignore que la Communauté de Communes des Trois-Pays s'est lancée dans une opération ambitieuse qui s'appelle "l'Opération ARARAT". Nous allons planter plus de 20 kilomètres de haies et de bandes enherbées; nous allons recréer des mares et refaire des fossés…Tout cela pour limiter le ruissellement des eaux.
2ème argument : "Avec une telle pompe, nous allons assécher le Marais".
Comme si moi, Vice-Président du Conseil Général, chargé de l'environnement, Responsable des zones de préemption, j'allais m'amuser à assécher le Marais qui est, je vous le rappelle, la plus grande propriété du Conseil Général. Et même, si j'avais cette idée saugrenue, personne ne ma laisserait faire car le Marais est en zone de préemption, en ZNIEFF, en zone biotope et en zone Natura 2000. c'est-à-dire qu'il cumule toutes les réglementations possibles !!!
3ème argument : "Ces inondations ne touchent qu'une quinzaine de maisons, lors de pluies exceptionnelles ".
Ce Monsieur ne doit pas souvent regarder la météo, car il verrait que les pluies exceptionnelles sont de moins en moins exceptionnelles.
Et je suis sur que ce Monsieur n'a jamais été confronté au désespoir des gens qui sont inondés et qu'il n'a jamais ressenti l'angoisse qu'éprouve les gens devant la montée inexorabble du niveau de l'eau.
Et même, s'il n'y avait qu'une seule maison touchée, je me dois, en tant que Maire, de trouver des solutions sachant qu'il omet, volontairement, d'inclure dans les problèmes d'inondations la commune d'Andres.
4ème argument : le meilleur : "Le fonctionnement de la pompe risque de tuer des poissons et des anguilles …".
Soyons sérieux !!! entre la sécurité de mes concitoyens et la tranquillité aquatique de quelques anguilles, je n'hésiterai pas. Cette écologie hyperprotectrice, formulée par un pêcheur frisé du ridicule.
Et ce Monsieur pour terminer, recommande en cas de besoin, une installation temporaire de pompes.
Je veux bien mais à deux conditions :
1. qu'en cas d'inondation, il mette ses bottes et vienne de 6 heures du matin à 11 heures du soir pour rassurer les gens, gérer le problème et expliquer à la population "que si on en est arrivé là, c'est pour protéger des anguilles".
2. qu'en cas d'inondation, il s'occupe de l'installation des pompes et surtout qu'il les paye, car je tiens à rappeler que l'épisode pluvieux de fin 2000, a coûté la bagatelle de 500.000 Frs à la commune et sans subventions…
J'ai toujours refusé, depuis que je suis élu, de tenir des conférences de presse et de créer un tapage médiatique. Cette façon de faire est, je le pense, toujours négative pour une commune.
Mais je le dis, si jamais nous sommes encore inondés, je dénoncerai publiquement l'inertie de certains organismes, la mauvaises volonté de certaines personnes et l'idiotie génétique de certains décideurs.
On ne peut pas mettre en cause, sans arrêt, les élus et parallèlement, les empêcher de mettre en place des solutions intelligentes.
Comprenez que dans ce dossier, nous soyons d'humeur belliqueuse.
Nous sommes d'humeur fataliste, quand nous parlons de notre Plan Local d'Urbanisme (notre PLU).
Cinq ans de travail, des dizaines d'études; un nombre incalculable de réunions avec un objectif : imaginer ,notre commune à 15 ou 20 ans, avec son développement, avec son fonctionnement, avec son environnement.
Ce travail est terminé et a été approuvé par le Conseil Municipal. C'est du beau travail et nous n'avons, du moins que je le pense, rien oublié.
Et si nous sommes fatalistes, vous vous en doutez, c'est que certaines personnes qui ne savent pas ce qu'est l'intérêt public, certaines personnes plus préoccupées à faire de la spéculation qu'à aider le développement de la commune, ces personnes peu estimables donc, ont décidé d'attaquer notre PLU au Tribunal Administratif.
Personne n'est étonné; tout le monde les connaît. Mais nous nous battrons !! Parce que l'intérêt commun est notre seule ambition et que la spéculation foncière n'est pas notre leiv motiv. Qu'on se le dise
Et si nous sommes d'humeur fataliste, c'est que dès le départ, nous savions "qui attaquerait et comme ils attaqueraient ".
Humeur désabusée, quand on parle de la sécurité. Je l'avais déjà signalé, début 2003. Les actes d'incivilité, de vols, de dégradations se sont multipliés dans la commune, créant un sentiment d'insécurité et je dois l'avouer, chez les élus, une certaine démotivation.
Un travail patient, rigoureux, consciencieux a été mené par la Gendarmerie, pour arriver, il y a quelques semaines à l'arrestation de quelques individus notoirement connus.
Je l'avais signalé, à nos amis les gendarmes : il était temps d'agir. En effet, au travers des nombreuses permanences que je fais, je sentais la dégradation du climat local; je sentais l'exaspération monter et on pouvait craindre étant donné l'énervement de certains, un dérapage pouvant être dramatique.
Ces tristes individus ont tout avoué : vols chez des particuliers, vols et dégradations de biens publics, trafic de substances illicites, et j'en passe…
Le tribunal a jugé que le dossier était trop important ; qu'il fallait recommencer la procédure et ils ont libéré "les marlous".
Incompréhension totale de la population, incompréhension totale des élus et incompréhension légitime de nos amis les Gendarmes, qui contrairement à ce que certains ont dit, ont fait un travail remarquable.
Nous sommes désabusés car il est fort louable de vouloir que Paris soit la capitale la plus sure du monde, encore faudrait-il que les petites villes de province puissent garder le calme et la sérénité.
Voilà, j'ai vidé les mauvaises humeurs. Soyons maintenant plus positif.
Car nous sommes d'humeur sereine quand nous parlons de la zone d'activité.
C'est décidé : nous y allons; nous l'aménagerons cette année. Simplement parce que nous ne pouvons plus attendre : les investisseurs se font de plus en plus pressants.
Lors du débat concernant cette zone, nous avons logiquement voté à l'unanimité une motion demandant que l'Etat respecte ses engagements dans le cadre de l'Après Duty-Free.
Cette motion n'est pas une récrimination intempestive, une revendication appelant à l'émeute ou même une supplique basée sur du misérabilisme. J'ai trop de respect de l'Etat et je connais parfaitement les problèmes financiers de certains dossiers, pour oser faire du chantage.
Non ! cette motion, c'est simplement le rappel qu'une promesse a été faire et qu'elle se doit d'être tenue.
J'ai assisté à toutes les réunions concernant l'Après Duty-Free; la Ville de Guînes a été la première à déposer un dossier complet, ce dossier correspondant à l'esprit du CIADT gouvernemental, spécifique à l'Après Duty-Free. Des engagements ont été pris par des représentants de l'Etat.
Si nous sommes d'humeur sereine, c'est simplement parce qu'on ne peut pas imaginer que l'Etat ne respecte pas sa parole.
Nous sommes d'humeur progressiste quand nous tenons pleinement notre rôle de commune fédératrice.
- Nous sommes pleinement, entièrement dans l'intercommunalité sans hégémonie, sans favoritisme mais en étant conscient que nous devons être l'un des moteurs de l'intercommunalité. Nous l'avons fait, nous le faisons et le ferons encore plus, d'autant que la coopération intercommunale va être de plus en plus présente.
Dans le cadre de la décentralisation, le Gouvernement a lancé, un grand débat national. Et à l'issue de ce débat, deux évidences sont apparues :
- les gens tenaient à garder leur département
- les gens faisaient de plus en plus confiance aux structures intercommunales.
Ce n'était pas prévu. Et les lois de décentralisation devraient conforter le rôle des départements et amplifier les compétences des intercommunalités. Dans cette démarche, Guînes doit simplement tenir son rôle de bourg-centre.
Rôle de bourg centre, aussi dans la construction du Pays du Calaisis.
Certains peuvent se dire : "encore une structure supplémentaire ! encore une complication administrative !". C'est sans doute vrai, mais cette structure est indispensable :
- parce qu'on ne peut pas résoudre le problème des ordures ménagères tout seul
- parce qu'on ne peut pas résoudre le problème des inondations tout seul.
- Parce qu'on ne peut pas mettre en place un système de transport tout seul.
La concertation, la mutualisation et la dynamique collective sont, dans notre société, des facteurs de progrès.
Je l'ai souvent répété : en gestion publique, faire de l'isolationnisme est une abérration. L'esprit de clocher exacerbé est une erreur historique.
Avec le temps et au fil des dossiers, Guînes est devenue un peu le porte-parole du monde rural. Nous le faisons avec pragmatisme, modestie mais conscients de nos particularités.
C'est cela avoir l'humeur progressiste.
Nous sommes d'humeur volontariste quand on parle des logements.
C'est vrai, Marc vous l'a dit, la commune a perdu, cette année, 17 000€ au profit de la Communauté de Communes des Trois-Pays, simplement parce que nous n'avons pas notre quota de logements sociaux locatifs.
Et contrairement à d'autres communes, nous n'avons jamais refusé les constructions. Mais, c'est vrai, qu'il y a eu, pendant quelques années, un déficit de projets et en plus, la SA 62/59 vendait, petit à petit, son patrimoine et les maisons, ainsi vendues, n'étaient plus comptabilisées dans le nombre de logements locatifs.
J'ai donc demandé à la SA de ne plus vendre, momentanément. Elle a accepté, je l'en remercie.
De plus, nous sommes en train de finaliser avec l'OPHLM la construction de 76 logements sur trois hectares appartenant à la Mairie.
Ces nouvelles démarches devraient nous permettre d'être en règle avec la loi.
Nous sommes volontaristes, mais il faut que les bailleurs sociaux nous accompagnent.
Humeur festive pour 2004, grande année de festivité.
En 2004, nous fêterons, partout dans le pays, le centenaire de l'Entente Cordiale, cet accord signé entre la France et la Grande-Bretagne, qui a tout changé dans les relations entre nos deux nations.
Bien entendu, Guînes a été sollicité pour fêter dignement cet anniversaire, en organisant, probablement au mois de Juin, un week-end Camp du Drap d'Or.
Fête encore en Septembre, quand notre commune recevra le même jour, la Fête du Parc Naturel et la Fête Départementale de la Randonnée. Plus 30.000 personnes en perspective.
La Communauté de Communes des Trois-Pays veut se joindre à cet événement en y ajoutant la Fête du Partenariat. En effet, nous avons finalisé, dernièrement, un projet de coopération avec une petite commune du Mali qui s'appelle Marena-Dioubougou.
Et nous voudrions profiter de cette journée exceptionnelle pour faire connaître à tous nos visiteurs ce pays fantastique qu'est le Mali, avec ses problèmes de dénuement, de pauvreté voire de misère, mais avec ses atouts inestimables qui s'appellent la gentillesse, le sourire et l'amitié.
De grandes journées en perspective. Et nous sommes souvent d'humeur joyeuse.
- Quand la ville est récompensée pour son fleurissement
- Quand nous sommes félicités pour le travail des ouvriers municipaux
- Quand nous sommes éblouis par la folie créative du Camp du Drap d'Or
- Quand nous sommes étonnés par la mobilisation associative si caractéristique de notre cité
- Et quand après des mois de travail, nous arrivons à boucler un dossier, administrativement et surtout financièrement difficile, comme les dossiers européens.
Vous le voyez, une commune, c'est comme une famille : il y a des hauts et il y a des bas. Mais heureusement pour nous et tant mieux pour vous, il y a plus souvent des hauts que des bas.
Je sais pertinemment que vous ne retiendrez de mon discours que les petites piques que j'ai lancées, confirmant ainsi, mon soi disant mauvais caractère.
Mais je ne voudrais pas terminer, sans remercier une fois de plus, l'ensemble de l'équipe Municipale, auquelle je tiens à associer l'ensemble des employés municipaux.
Le discours de Marc a mis en évidence une chose : c'est une équipe qui crée la dynamique; c'est une équipe qui défend l'intérêt commun.
Il y a, dans notre société, une injustice flagrante : quand c'est bien, on félicite le Maire. Quand c'est mal, on "engueule" le Maire.
Il serait bien plus juste de dire : quand c'est bien, on félicite l'équipe. Quand c'est mal on engueule tout le monde…Sauf le Maire!!!
En étant encore plus sérieux, je voudrais simplement, à vous tous, élus et employés, vous remercier de ce que vous faites. Vous le faites avec conscience, sens du devoir et abnégation. C'est cela la force de la démocratie locale et la grandeur du service public.
Après ces quelques traits d'humeur, je me dois, comme chaque année de présenter au nom de la Municipalité, les vœux rituels.
J'essaye toujours, sur mes cartes de vœux de faire référence à des thèmes qui me sont chers : le dynamisme, le rêve et l'amour.
Je vous livre le texte de cette année .
"Avec la volonté, on peut changer le monde.
Avec l'utopie, on peut créer l'espoir.
Avec l'amour, on peut bâtir le bonheur".
Alors, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, pour 2004, je vous souhaite de la volonté, un peu d'utopie et beaucoup d'amour, car c'est cela le plus important.
Hervé Poher