Calais, mise en place du Pays
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi, tout simplement, de vous remercier pour cette preuve de confiance. J'essayerai d'en être digne et croyez bien que je ferai tout, dans la mesure de mes possibilités, pour aider ce nouveau-né à faire ses premiers pas.
Le Sympac, c'est le pays.
Le pays, c'est le Sympac.
Mais je voudrais, avant tout repréciser certaines choses et tordre le cou à certaines affirmations voire à certaines divagations… car vous, comme moi, vous entendez d'aucuns qui disent :"encore une structure supplémentaire ! y en a de trop" ; et d'autres qui affirment : "ça ne sert à rien ; que vont devenir les autres structures".
Que les choses soient bien claires !
le pays n'est pas une collectivité supplémentaire. C'est un lieu de discussion, de concertation, de coordination entre des collectivités qui vivent dans le même bassin d'emploi, le même espace social et le même bassin de vie et cela, tout simplement parce qu'elles ont une histoire commune.
Le législateur a même prévu, pour ne pas créer une structure supplémentaire, de laisser le libre choix entre le syndicat, la Fédération ou le conventionnement entre les EPCI.
les intercommunalités continueront à être maîtres chez elles. Elles décideront de leur politique, de leurs orientations et de leurs compétences. Elles seront maîtres de leurs projets, mais ces projets seront élaborés en collaboration et en concertation avec les autres avec pour seules priorités :
- un aménagement intelligent du territoire,
- des services renforcés sur tous les territoires,
- une solidarité effective pour tous les territoires.
Bref, nous éviterons ainsi de faire en double, en triple ou en quadruple des réalisations, avec de l'argent public, simplement pour satisfaire notre ego.
le pays n'est pas un lieu de pouvoir. C'est l'enceinte où chacun doit pouvoir s'exprimer : élu et citoyen ; urbain et rural, sur un même pied d'égalité, sachant que nous avons tous reconnu, validé et acté :
- la centralité et l'importance de l'agglomération calaisienne,
- la complémentarité évidente et nécessaire du monde rural.
le pays ne fera pas "à la place de" :
- pas question de se substituer aux EPCI,
- pas question d'empiéter sur les compétences des grandes collectivités territoriales,
- pas question de remplacer l'Etat.
le pays ne s'intéressera directement qu'aux dossiers touchant le bassin de vie, en utilisant les outils déjà mis en place ou qui le seront d'ici peu : le SCOT, l'Office de Pôle, Calais Développement , l'Agence d'Urbanisme,…. et j'en passe et le pays sera le nœud de coordination de ces différents acteurs, qui ont et qui auront leur vie propre.
Voilà, je tenais à préciser cela pour qu'il n'y ait pas de malentendus.
Permettez, qu'à titre personnel, je vous explique pourquoi j'ai adhéré à cette démarche.
Lorsqu'on est décideur, responsable et à fortiori élu, on a obligatoirement envie d'imaginer, de construire, de créer. Et l'histoire de chacun d'entre nous en est le témoignage :
- chacun d'entre nous a construit dans sa ville ou son village,
- chacun d'entre nous a élaboré des stratégies de développement,
- chacun d'entre nous a créé ou a participé à la mise en place de structures intercommunales ou de syndicats.
Et sur les territoires, dont nous sommes démocratiquement responsables, nous agissons, nous créons, nous inventons avec, il faut l'avouer, parfois, l'inavouable objectif de faire mieux que le voisin.
Mais je suis sûr que vous êtes comme moi ; il m'arrive bien souvent d'avoir des doutes :
- est-ce qu'on travaille à la bonne échelle ?
- notre territoire d'intervention est-il le plus judicieux ?
- une dynamique collective, profitable à nos populations, peut-elle résulter de la somme des dynamiques individuelles ?
Dans certains domaines, c'est possible. Mais pour les grands enjeux du Calaisis, c'est peu probable. L'emploi, l'environnement, la santé, un aménagement intelligent du territoire (et j'en oublie sans doute) sont des secteurs où seule une dynamique collective, une prise de conscience collective et des réponses collectives seront d'une efficacité réelle.
Et c'est le but d'un pays : créer un espace de concertation et de coordination qui nous permette d'essayer, tout en étant modeste, de trouver des solutions ou des alternatives à nos véritables questions de société.
En faisant cette démarche, nous avons accepté la mutualisation des cerveaux, la mutualisation des bonnes volontés et la mutualisation des responsabilités. C'est un plus pour l'ensemble de nos collectivités, mais surtout, c'est un plus pour nos populations.
Mesdames, Messieurs, avant d'en terminer, je voudrais rendre hommage à vous tous, les élus des collectivités, qui avez dit, un jour : "allez ! on y va ! on va faire chemin ensemble".
Ce n'était pas évident :
- parce qu'il y a le poids de l'histoire,
- parce qu'il y a nos personnalités,
- parce qu'il y a nos engagements personnels et politiques.
Et nous avons fait ce pas, pas parce que la loi nous le suggérait fortement, pas parce que c'est un phénomène de mode : non, simplement parce que
- que nous soyons urbain ou rural,
- que nous soyons de gauche ou de droite,
- que nous soyons riche ou pauvre,
nous avons tous l'envie, l'ambition et le besoin d'être utile à nos concitoyens.
C'est cela le devoir d'un élu ; c'est le fondement même de l'action publique et c'est simplement ce que demandent nos concitoyens.
Alors humblement et démocratiquement, sachons les écouter.
Merci.
Hervé Poher