Remise du Prix Aréthuse, Arras.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Permettez-moi, tout d'abord, de vous dire que c'est un honneur et un plaisir, pour moi, de clôturer cette remise des prix du concours ARETHUSE.
Honneur car j'ai en face de moi des hommes, des femmes et des entreprises qui travaillent avec ou pour des collectivités… et tout cela pour une noble cause :
réparer l'environnement,
préserver l'environnement,
protéger l'environnement.
Plaisir aussi parce que c'est ma première intervention en tant que Président de Bassin, et, c'est, vous vous en doutez sans doute, l'occasion de commencer à faire passer des messages.
Etant d'un naturel curieux, j'ai voulu savoir pourquoi, ce concours s'appelait ARETHUSE, le choix d'un tel nom ayant forcément une haute valoir symbolique.
J'ai donc tapé ARETHUSE dans un moteur de recherche Internet.
J'ai découvert qu'ARETHUSE était :
un type de sous-marin français,
un club de rencontres coquines,
un film d'Ingmar Bergman,
et surtout un personnage de la mythologie gréco-romaine.
ARETHUSE était une déesse, chasseresse, qui pour échapper aux assauts amoureux d'un Dieu de la Rivière, fut transformée en fontaine, fontaine que l'on peut admirer en Sicile, près de Syracuse.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car les Dieux ont permis que la Sicile et la Grèce soient reliées par un canal souterrain, à partir de la fontaine ARETHUSE.
J'ai donc compris la démarche des créateurs de ce concours.
la fontaine ARETHUSE symbolise l'eau sacrée, l'eau pure et claire
et le canal reliant la Sicile à la Grèce symbolise… le tout à l'égout.
C'est sans doute un peu simpliste, mais cela a le mérite d'être imagé.
J'ai, depuis quelques jours, la lourde charge de présider le comité de bassin Artois-Picardie, véritable parlement de l'eau.
Et ce comité de bassin n'est pas, à mon sens, une structure virtuelle, n'est pas une assemblée de notables qui se gargarisent de pseudo décisions et de divagations politico philosophiques.
Non ! Le comité de bassin est et doit rester un endroit où élus, responsables et usagers doivent expliquer, orienter, définir une véritable politique de réparation et de protection de l'eau.
Et le message du comité de bassin, au travers des politiques appliquées par l'Agence de l'Eau, ce message doit être fort et peut être résumé en une phrase : "arrêtons de faire des bêtises".
Depuis que le monde est monde, l'eau est considérée comme un élément naturel inépuisable et renouvelable : erreur de notre part.
Depuis que le monde est monde, le développement social, économique et humain a toujours été prioritaire par rapport à la protection de l'environnement : erreur de notre part car l'un n'est pas incompatible avec l'autre.
Depuis que le monde est monde, on a toujours cru que le génie humain trouverait de solutions à chacun de nos problèmes : erreur de notre part. Le genre humain est, certes, admirable, mais il n'est rien à côté du genre de la nature.
L'eau, l'importance vitale de l'eau qui est l'essence même de chaque forme de vie, prouve que, depuis des siècles, nous nous comportons comme des inconscients.
Et le rôle d'un élu, d'un responsable, d'un citoyen, c'est de préparer l'avenir et on ne peut concevoir un avenir serein sans résoudre les problèmes liés à l'eau.
Je vous rassure, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, mes propos ne sont pas issus d'une philosophie politique quelconque. Mes propos sont ceux d'un simple citoyen qui a envie de léguer, à ses enfants, une terre propre et un monde équilibré.
Or, vous le savez : la nature est toute puissante, mais les équilibres y sont très fragiles.
Et pour aller dans cette direction, nous devons nous tous, quelques soient nos responsabilités, quelques soient nos opinions, quelque soit notre vécu, être persuasifs, déterminés et volontaristes.
être persuasif, c'est informer, éduquer, faire prendre conscience, aux gens, que nous n'avons pas d'autres choix,
être déterminé, c'est afficher clairement nos objectifs à court, moyen et long terme, sachant que la politique du "y a qu'à, faut que" est trop simpliste et est inadaptée à la complexité de notre société et sachant que remettre toujours à plus tard, serait une lâcheté impardonnable.
être volontariste, c'est avancer avec pour seul moteur : la culture du résultat. Nous ne sommes pas là pour trouver des coupables, nous sommes là pour trouver des solutions… et parce que notre société dans sa globalité est coupable, nous devons tous ensemble trouver des solutions.
Aujourd'hui, nous avons récompensé les maîtres d'ouvrage et les exploitants qui, quotidiennement, s'occupent du fonctionnement des stations d'épuration.
Etant moi-même maire d'une petite commune semi rurale, située sur un champ captant, permettez-moi de comprendre l'angoisse des élus locaux confrontés aux problèmes d'assainissement : c'est compliqué, c'est politiquement peu valorisant et surtout, c'est très cher!!
C'est pourquoi, dans le cadre de la nouvelle loi sur l'eau et de la directive cadre européenne, nous devons, en partenariat avec les collectivités territoriales, imaginer la démarche la plus adéquate afin d'aider les décideurs locaux :
à oser l'assainissement,
à s'engager pour la protection de l'eau,
à s'impliquer dans une démarche d'avenir.
Mais vous ne pourrez jamais mobiliser les énergies, si les décideurs considérant, qu'à la base, il y a une injustice et permettez-moi, pour la dixième fois, de dénoncer cette injustice flagrante qui concerne la protection des champs captants.
Pourquoi des gens qui habitent au dessus d'un champ captant, sont-ils plus taxés, parce qu'ils font les travaux de protection, que le consommateur qui, lui, ne protège rien ?!!
La ressource en eau est un trésor ; ce trésor doit être protégé ; mais tout le monde doit y participer.
parce que la solidarité n'est pas une utopie,
parce que la plupart des élus que je connais, veulent bien faire, à condition qu'on leur en donne les moyens,
parce que l'égalité de traitement entre l'urbain et le rural, doit être une petite parcelle du fondement de l'égalité républicaine.
Vous m'entendrez souvent parler de contrat de ressources. C'est un terme qui fâche certains, mais personne ne peut me dire ici, que ce n'est pas un geste d'équité, de solidarité et de justice.
Voilà, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ce que je voulais brièvement vous dire.
Permettez-moi de terminer avec une note d'humour. En recherchant le nom ARETHUSE sur Internet la première référence que j'ai ouverte, concernait une association dénommée ARETHUSE.
Cette association, située en Bretagne, du côté de Lorient est chargée de préserver le patrimoine et en particulier un édifice essentiel : l'ermitage de St Hervé.
Etant donné ce signe du destin, ma présence à la cérémonie ARETHUSE était une évidence… comme l'eau coule de source.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je vous remercie.
/ Hervé Poher