Inauguration à Desvres
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Permettez que je commence cette intervention par une expérience que nous avons, pour la plupart d'entre nous, vécue : c'est le plaisir et les difficultés d'être parent.
Lorsqu'on devient parent, on est à la fois :
- Etonné, voire émerveillé du résultat,
- Interrogatif sur l'évolution future de cet enfant,
- Et bien souvent, inquiet devant les nouvelles responsabilités qui nous incombent
On le regarde grandir et on essaye, humblement, de l'aider à grandir avec pour objectif qu'il soit épanoui, bien dans sa tête et bien dans son corps.
Croissance oblige, tous les ans, on achète de nouveaux vêtements, un nouveau cartable, jusqu'au jour où, lui se croyant adulte, on se doit de l'installer dans ses meubles.
Et franchement, à ce moment là, même s'il se veut donner des airs d'indépendance, il reste dans notre cœur "le petit bébé" et pour tout le monde, c'est toujours notre progéniture.
Cette évolution normale des choses s'applique à nos enfants, certes, mais peut aussi s'appliquer à EDEN 62. EDEN 62 est un enfant du Conseil Général, qui l'a créé, l'a élevé et aujourd'hui l'installe dans ses meubles.
Dans les réunions symposiums ou colloques, je dis et je rappelle que notre structure n'est que l'outil d'une politique départementale. Je dis outil parce que le terme "bébé", ça
ne fait pas sérieux. Mais les deux termes sont tout aussi valables.
EDEN a été voulu car le Département du Pas-de-Calais avait un désir : c'était d'être volontariste dans sa démarche environnementale, et le Conseil Général avait une ambition : c'était d'être exemplaire dans l'innovation et la compétence.
Challenge difficile, mais pari réussi.
La politique des ENS est considérée, par la population comme la deuxième meilleure politique départementale. Pourquoi cela ?
Simplement pour deux raisons :
· Tout d'abord parce que le Conseil Général a su anticiper, dès 1980, ce qui aujourd'hui est dans l'air du temps et est devenu un effet de mode,
· Ensuite parce que la population de notre Département s'est appropriée totalement cette démarche et je connais, nombre de nos concitoyens qui sont fiers de montrer que le Pas-de-Calais, ce n'est pas toujours un pays gris sous un ciel gris
Mais si cette politique départementale est un succès c'est aussi et surtout parce que les objectifs ont été clairs, dès le début.
· Nous avons un Département riche par sa nature, nous devons en protéger le maximum mais nous avons aussi un Département riche par ses hommes ; il faut que notre action intègre l'homme, l'environnement de l'homme et les activités de l'homme sans porter de jugement ni d'anathèmes. Les extrémistes de tout bord n'ont jamais eu de prise chez nous. Nous gérons l'environnement et l'homme fait partie de l'environnement.
Et c'est pour cela que le Conseil Général et EDEN 62 sont reconnus, par tous les partenaires institutionnels et associatifs comme des interlocuteurs sérieux et comme des acteurs de terrain incontournables.
Je pourrais vous donner des chiffres concernant les superficies gérées, les employés ou les actions effectuées. Je ne le ferai pas car ce qui est important, c'est la philosophie de la démarche et l'esprit qui nous anime. Quand je dis nous, c'est les élus du Conseil Général, les élus du Syndicat Mixte et tous les gens qui travaillent à EDEN 62.
Bien sûr, tout n'est pas parfait et quand on gère autant d'hectares avec autant de gens, il est possible, qu'ici ou là, il y ait des problèmes. Mais la nature nous le rappelle tous les jours, il n'y a pas de problème sans solution.
Aujourd'hui, le Conseil Général installe EDEN dans ses meubles.
· C'est pour le personnel un acte de reconnaissance et j'en remercie le Président et le Conseil Général.
· C'est pour le Conseil Général, un affichage clair de ses ambitions dans le domaine de la protection de l'environnement
· Et c'est pour nos partenaires un signe fort car EDEN 62 a aujourd'hui, sa maison.
Permettez-moi, avant d'en terminer, de faire une petite mise au point sur un dossier essentiel pour EDEN, pour le Conseil Général, pour le Parc et pour nos partenaires du Conservatoire du Littoral.
Je veux parler du réaménagement du Site Des Deux Caps.
Je me dois de le faire car dernièrement un article de presse nous a étonnés, choqués voire révoltés et nous restons avec un goût amer d'injustice.
Dans cet article, au titre raccrocheur voire racoleur, il était dit que l'ensemble des partenaires avait, sur "le Site des Deux Caps", un manque d'ambition comparé à ce qui a déjà été fait ailleurs, en particulier à la pointe du RAZ.
Il me semble juste de remettre les choses à leurs places et de résituer le problème.
La procédure de classement du Site des Deux Caps a été lancée en 1980. Les habitants de la Cote d'Opale savent très bien que les conditions de notoriété et de fréquentation n'étaient pas les même qu'aujourd'hui. Certes, ce site était fréquenté, mais raisonnablement et par des locaux. Et que s'est il passé depuis 1980 ?
1er facteur qui a tout changé : la création d'axes routiers majeurs (terminaison de l'A26, création de l'A16/Rocade Littorale, liaison avec la Belgique et les pays nordiques, arrivée du Tunnel, doublement de la 42…) si bien que ce site n'est plus un site local, mais un site régional, national voire international.
2ème facteur : c'est la volonté de tout un Département de changer son image de marque. Depuis 15 ans, la promotion du Pas-de-Calais a été basée sur trois points forts :
· la convivialité des habitants
· une histoire riche
· une nature diversifiée et étonnante
Actuellement, partout en France et même à l'étranger, vous ne trouvez pas un seul document vantant notre région où il n'y a pas une photographie du Blanc-Nez.
3ème facteur : c'est le développement imprévisible du tourisme. Qui aurait pu imaginer une fréquentation annuelle de 1 million de personnes sur le Blanc-Nez. Essayez donc, d'estimer combien cela fait dans une zone comprise entre Wimereux et Sangatte.
Sentant arriver cette tendance à la surfréquentation, certains opérateurs, comme le Parc du Boulonnais, ont été maître d'ouvrage de travaux, d'aménagement, qui ont parfois été lourds. C'est l'opération CAP 93. Mais force a été de reconnaître, en 99 et 2000, que devant l'ampleur du phénomène, il fallait un traitement chirurgical. C'est pourquoi un collectif composé du Conseil Général, de EDEN, du Parc, du SMCO, du Conservatoire, de la DIREN a décidé de s'attaquer au problème.
Une étude, lancée en 2000, nous sera bientôt rendue avec une analyse objective du phénomène des solutions touristiques et économiques et un volet "restitution et restauration de l'environnement" qui sera essentiel.
Dix huit mois d'étude, cela peut paraître long, mais c'est court, quand on regarde le territoire concerné, les enjeux humains et quand on sait que cela débouchera sur un programme de travaux supérieur à cinquante millions de francs.
Il est bien qu'un élu puisse prévoir, mais il n'est pas un devin ; et s'il n'est pas un devin, il doit être médecin. Aujourd'hui, nous sommes médecins et nous sommes en train d'écrire l'ordonnance et les rebouteux ne font pas d'ordonnance et le résultat d'un rebouteux est aléatoire. Voilà la réalité des choses. Nous voulons tous garder cette image emblématique de notre Département mais nous ne ferons pas n'importe quoi, n'importe comment et les gens qui veulent nous donner des leçons en lançant des formules incantatoires du type "yaka, fauque" devraient d'abord se renseigner sur les données du problème, sur les initiatives et sur la volonté collective d'agir.
Dans le domaine de l'information, dans le domaine de la politique, comme dans la vie quotidienne de tout à chacun, "l'homme n'est pas ce qu'il dit, l'homme est ce qu'il fait", et nous dans ce dossier contrairement à d'autres, nous faisons.
Excusez, Mesdames et Messieurs, cette petite mise au point, mais les colères rentrées donnent souvent des ulcères à l'estomac et je n'aime pas avoir mal à l'estomac.
Merci au Président et au Conseil Général de nous avoir donné cette maison. C'est la Maison d'EDEN, mais c'est avant tout la maison du Département.
Merci au Sénateur Maire, Michel SERGENT de nous accueillir dans sa bonne ville de Desvres ; cela me permettra de venir te saluer régulièrement puisque je ne pourrais, malheureusement, plus te rencontrer au Conseil Général.
Merci aussi à Dominique DUPILET qui a été le précepteur d'EDEN 62. Il l'a vu naître; il l'a aidé à grandir et il a été à ses cotés pendant la dure période de la puberté.
Merci enfin à vous tous car, votre présence le prouve ; vous êtes tous persuadés que l'avenir de notre monde, c'est, en autre chose, un simple papillon qui se pose sur une fleur des champs et qui provoque des scintillements dans le regard d'un enfant.
C'est aussi ça, le rôle d'un Responsable
C'est aussi ça, le rôle d'un Elu
C'est aussi ça, le rôle de l'homme
Hervé Poher