Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre Mairie de Guînes pour cet acte très symbolique que représente la signature du Contrat Ressources.
Très symbolique à plusieurs niveaux :
· Niveau de la Ville de Guînes
· Niveau du Grand Calaisis
· Niveau du Département et même de la région
et j'ose ajouter, à un niveau très personnel.
Symbolique à un niveau personnel, parce que ce dossier m'accompagne depuis bientôt 4 ans.
J'ai été élu Maire le 18 Juin 1995.
La première réunion que j'ai présidé trois jours après mon élection se passant en Mairie au sous-sol et concernait le danger sur le champ captant.
Y assistait, la DDE, Eau et Force, Mr Mayot Hydrologue, le Conseil Général (Mr CHAVATTE...), Agence de l'Eau
Et tous ces braves gens étaient venus m'expliquer comment protéger le champ captant et l'eau qui alimentait près de 100 000 personnes.
· nous devions réparer le réseau d'assainissement défectueux
· nous devions le compléter ici ou là
· nous devions envisager un assainissement au Marais...
Tout jeune élu, manquant indéniablement d'expérience et sans doute encore grisé par les vapeurs de la victoire, je répondais invariablement : "pas de problème ; on fera !!"
Le seul point de désaccord fut lorsque le professeur MAYOT m'annonça qu'en toute logique nous devions déplacer le cimetière !!. Je refusais catégoriquement, pas parce qu'en tant que médecin j'alimentais régulièrement le cimetière, mais simplement parce que ce déplacement était psychologiquement indéfendable au niveau de la population.
Bref, jeune élu, plein de bonne volonté, j'étais prêt à foncer.
Un mois plus tard, les mêmes personnes se réunissaient pour aller plus loin dans la démarche. Et là, croyez-moi, je fus vite dégrisé car on m'amenait les estimations financières... et elles étaient salées 30 millions de francs H.T. et plus du 1/3 à charge de la commune, et ce jour là, dans le dossier de l'eau, je vous l'avoue, la douche fut froide !!. Et c'est de cette réunion, qu'est partie notre réflexion basée sur une question simple.
"Est-il normal qu'une commune de 5000 habitants assume entièrement la protection d'un champ captant qui sert à plus de 100 000 habitants ?" et c'est cette question-là que nous avons répété depuis quatre ans,
· parfois de façon indicative, comme un guînois sait le faire
· parfois de façon plus diplomatique comme un Maire ou un Conseiller Général doit le faire.
Ce dossier est le premier dossier qui m'a donné des insomnies ; alors comprenez que ce soir, je suis heureux d'y trouver une solution juste et honnête.
Je l'ai dit tout à l'heure, c'est aussi un acte symbolique pour la Ville de Guînes. Quand vous demandez à quelqu'un de l'extérieur, ce que représente le pays de Guînes, il vous répond invariablement :
· C'est l'histoire et le Camp du Drap d'Or
· Et c'est la nature avec la forêt, le Marais, et l'Eau.
Nous avons sous nos pieds un élément indispensable à toute vie. Or, dans un monde où la productivité est un axe de développement et où la consommation est une règle de vie, vous le savez, on peut vite détruire notre environnement et on a vite sacrifié l'avenir, en polluant nos atouts essentiels.
Je l'ai souvent dit : j'aurais honte de léguer à nos enfants un monde pollué et une nature défigurée. C'est pourquoi, en tant que parents et en tant qu'élus, nous devons agir. Et c'est parce que la Municipalité de Guînes a cette volonté farouche de protéger l'eau, que cet acte est symbolique, pour notre commune.
Acte symbolique pour le Calaisis.
Symbole que les temps changent ; symbole que le "grand Calaisis" a compris que nos intérêts, communes rurales et grand centre urbain, étaient les mêmes que nos atouts étaient communs.
Bien sûr, il n'y a pas de grande structure intercommunale, mais :
· quand il faut développer le tourisme, on se rencontre et nous faisons,
· quand il faut régler les problèmes de transports interurbains, on se rencontre et nous faisons,
· quand il faut définir les axes du contrat de plan, on se rencontre et nous faisons,
· Quand il faut protéger le champ captant, on se rencontre et nous faisons,
· Quand il faudra régler le problème des ordures ménagères, nous nous rencontrons et nous ferons.
C'est vrai que formaliser une coopération intercommunale c'est important, la faire sur le terrain par des actes concrets, c'est encore mieux.
Symbolique enfin au niveau départemental et régional, car l'acte que nous allons signer, tout à l'heure est innovant.
C'est la première fois que dans le Nord-Pas-de-Calais, quatre communes décident volontairement, de s'unir afin de protéger une ressource en eau. C'est la première fois que quatre collectivités disent "nous avons besoin de cette eau. Tous ensemble nous allons aider à garder ce patrimoine naturel".
Cet acte est un acte fort prouvant que nous savons oublier notre esprit de clocher et que nous assumons notre devoir qui est de préparer l'avenir.
Voilà, je vais expliquer pourquoi cette signature est chargée de symboles qui vont plus loin que le simple aspect financier.
Mais avant d'en terminer, permettez-moi de remercier plusieurs personnes :
Tout d'abord : Monsieur Jean-Jacques BARTHE, Conseil Régional, Maire de Calais. C'est la première personne à qui j'ai été confier mes états d'âme. Il aurait pu me dire "très bien gentil, POHER, mais retourne dans ton Marais". Et bien non ! il m'a écouté, une oreille attentive et a très vite compris que notre démarche pouvait avoir une valeur symbolique exemplaire.
Merci aussi : à Madame CRESPEL, Maire de Coquelles
à Monsieur BEHARELLE, Maire de Coulogne.
Vous avez accepté de jouer le jeu de la coopération, alors que vous n'y étiez pas obligés. Cet acte fondateur d'une nouvelle façon de travailler, en appellera d'autres. Et croyez bien que si, dans d'autres dossiers, vous avez besoin d'un coup de main, la Ville de Guînes et le Vice-Président du Conseil Général seront toujours prêts à vous aider.
Merci aussi à Eau et Force et à Monsieur WETREL. Vous avez assumé un travail technique. Pas toujours évident ; vous avez tenu les comptes et parfois, servi d'ambassadeurs.
Je vous remercie de ce beau travail et de la justesse de vos réflexions. Et soyez sûrs que ces remerciements n'ont que plus de valeur quand on connaît la propension que j'ai à égratigner. Tout ce qui est techniciens et technostructures.
Merci enfin à l'Agence de l'Eau, qui a participé de façon "très intelligente" à toutes les discussions et qui a su mettre son poids dans la balance et prendre les décisions qu'il fallait au moment où il le fallait, ce qui a indéniablement permis de finaliser nos accords.
Merci à tous. Et si vous devez ne retenir qu'une chose de cette journée ; c'est que "Dans le Calaisis, on n'est peut être pas les meilleurs partout ; mais dans le cas de la protection de l'eau, nous avons été les premiers à agir, et que l'important n'est pas ce que l'on dit, mais ce que l'on fait "et nous nous faisons".
Hervé Poher