Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Lorsque le Président Huguet m’a demandé de le représenter à cette manifestation, j’ai, vous vous en doutez, bien sur accepté. Et cela pour plusieurs raisons :
* La première, bien entendu, c’est qu’en tant que Vice Président du Conseil Général, je me dois de vous rappeler le rôle du Conseil Général, dans le cadre de l’insertion.
Je serai rapide : le Conseil Général fait son travail, il essaye de bien le faire et je pense, sincèrement qu’il ne le fait pas trop mal.
* La deuxième est, je dirais, plus affective. Vous pensez évidemment que ma famille et moi-même sommes très attachés à tout ce que fait l’AIC et encore un peu plus, au salon du livre.
* La troisième est beaucoup plus symbolique et je pense qu’il faut expliquer le message porté par cette manifestation.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je trouve qu’on vit dans un monde étrange. Depuis un siècle, la science et la technologie ont fait des progrès fantastiques et on vit dans un monde de communication et d’information. Mais il faut que l’on puisse communiquer le plus vite possible, qu’on appréhende l’information très rapidement.
Alors pour communiquer, pour se comprendre, aussi bien dans l’informatique que dans la vie, on a inventé des sigles : TVA, LCI, RMN, CDD, CDI … SDF, CES, RMI.
Vous et moi utilisons ces sigles, mais parfois on oublie ce qu’il y a derrière. Quand c’est des chiffres ou des schémas, ce n’est pas grave. Mais quand c’est des hommes, c’est beaucoup plus embêtant
Avez-vous remarqué, qu’on a pas inventé de sigle pour les gens bien pensants, bien portants et qui gagnent bien leur vie !!… comme vous et moi. Non, parce qu’on considère que ces gens là, c’est la norme. On ne donne des images et des sigles qu’à des personnes qui sont Hors-normes.
Et l’utilisation de ces sigles nous amène à des dysfonctionnements parfois dangereux.
Par exemple, je suis un élu local, et le problème est le même pour la plupart d’entre vous, et lorsque je reçois une personne en permanence, qui me dit qu’elle veut faire un CES, qu’est ce que je réponds : Etes vous Cotorep, êtes vous inscrit à l’ANPE depuis 3 ans, êtes vous RMISTE ?
C’est à dire qu’à un appel au secours, à une demande affective, je fais une réponse administrative.
C’est à dire qu’a un signe de détresse, je réponds en demandant si les gens sont handicapés, demandeurs d’emploi de longue date, ou au dernier sou. C’est grave et quelque fois, je vais même examiner les revenus des gens et je dis : « Zut ! Vous gagnez 200 Frs de trop et vous ne pouvez pas être RMISTE ». C’est dramatique comme réaction et pourtant, je ne peux pas, en tant qu’élu, faire autrement.
Et c’est là, le message porté par cette manifestation. Le salon du livre et de la peinture, c’est de la peinture et de l’écriture… c’est de l’affectif et non de l’administratif et ce message affectif nous est donné par des RMISTES.
Je crois avoir compris le message de ma petite sœur qui est : « Attention les mecs ; n’oubliez pas que derrière les termes RMI, il y a des hommes, des femmes, des familles, de la détresse et parfois de la tendresse.
Je considère que ce message est pour nous tous, une piqûre de rappel, et même, si en tant qu’ancien médecin, je reconnais qu’une piqûre, ça ne fait pas du bien, je reconnais qu’elle nous est sacrement utile ».
/ Hervé Poher