Lettre envoyée le 3 mars au sénateur Didier Guillaume, président du groupe Socialiste et Républicain.
Monsieur le Président, Cher Didier
Suite à notre entretien téléphonique et dans « la foulée » de ma demande de détachement administratif du groupe Socialiste et Républicain, je pense nécessaire et honnête de ma part de vous donner quelques explications sur cette décision.
J’ai effectué cette démarche pour plusieurs raisons.
Première raison : Je suis un « apatride politique » et cela depuis 4 ans. Exclu du parti, pour diverses raisons trop longues à rappeler (mais qui sur la forme et sur le fond m’ont profondément meurtri), je ne l’ai jamais réintégré simplement parce que « … j’ai mauvais caractère et que j’ai l’échine un peu raide… ».
De fait, si je suis resté intellectuellement et profondément attaché à une démarche et à des camarades, je suis, de temps en temps, mal à l’aise dans les discussions concernant le parti… Parce que je n’en ai plus la légitimité… Parce que la « stratégie politique » n’a jamais été, contrairement à ce que d’aucuns croient, ma pratique préférée… Parce que, quand on n’est plus membre d’une famille, on la perçoit différemment.
Deuxième raison : Je suis un « élu à obsolescence programmée. » C’est-à-dire qu’en septembre 2017, je terminerai mon parcours politique. C’est un peu tôt, sans doute, mais c’est le résultat d’options plus ou moins hasardeuses que j’ai prises tout au long de ma vie et que j’assume totalement. Contrairement aux échecs, les pièces du jeu ne sont pas en bois… Du coup, on fait parfois des erreurs !
Il me reste 18 mois à fréquenter le Palais du Luxembourg : Autant que ces 18 mois puissent servir à « quelque chose » ; autant que ces 18 mois puissent être utiles… Et en apportant un petit coup de pouce à nos amis « écolos », je serai sans doute plus utile qu’à rester observateur chez mes amis socialistes… Et en plus, cela me fera intellectuellement plaisir.
Troisième raison : Je serai personnellement choqué par la disparition du groupe écologiste. Je sais qu’en politique, il faut savoir tuer ou laisser mourir mais, j’ai beau être médecin, il y a des pratiques, en politique du moins, qui sont exclues de mon imagination et de ma gestuelle.
Et le groupe écologiste ne mérite pas de mourir. Bien sûr, il a ses défauts, ses excès, ses «personnalités»… Mais je ne peux m’empêcher de reconnaitre que certaines d’entre elles sont porteuses d’une « conviction respectable » (ce n’est plus le cas partout…), d’une « motivation mobilisatrice » (denrée devenue extrêmement rare), « d’une utopie rafraichissante » (et utopie n’est pas un gros mot) et, qu’en plus, certains de leurs messages seront, un jour, nos vérités, nous le savons bien. C’est pourquoi, ils doivent continuer à exister en tant que groupe.
Dernière raison : Les élections de décembre. Et je suis d’une région qui peut en parler… Le vote FN n’a pas été un vote d’adhésion mais un vote contre : contre le monde politique, contre les hommes politiques et contre les mœurs politiques. Un remaniement mal fait, un article assassin dans le Monde et les spasmes gouvernementaux montrent simplement que les mœurs sont restés les mêmes… Et la disparition du groupe écologiste ne ferait qu’aggraver cette impression tout en faisant porter le chapeau au groupe socialiste et républicain.
Voilà toutes les raisons qui font que j’ai demandé à être administrativement rattaché au groupe écologiste… Même si mon cheminement, mon affection et mes souvenirs restent attachés au socialisme. Mais comme je l’ai dit dans d’autres lieux : « C’est bien difficile d’écrire une page mais c’est encore plus difficile de la tourner. »
J’ai demandé à Marie-Christine Blandin de vous contacter afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté ou malentendu sur ma démarche.
En attendant de vous revoir, recevez, Monsieur le Président, l’expression de ma considération respectueuse.
Amicalement
Hervé Poher