« L’État ferait mieux d’accompagner la démarche exemplaire de Damien Carême »
La voix du nord le 13/03/2013
Hervé Poher, l’ex-maire de Guînes qui siégeait au Sénat dans le groupe socialiste vient de passer chez les écologistes pour leur permettre de garder leur groupe après le départ de Jean-Vincent Placé. Mais il garde sa liberté de parole et de vote sur les sujets chers aux Verts !
"Son passage au groupe écologiste"
Hervé Poher : « Cela s’est fait très naturellement.
Depuis le départ de Jean- Vincent Placé au gouvernement, le groupe écologiste était menacé de disparaître puisqu’il faut dix inscrits. Dès le départ je trouvais cela injuste et anormal qu’ils n’aient plus le droit à la parole à une période où on sait que la vision écologique s’impose dans tous les dossiers.
J’ai beaucoup travaillé avec les écolos dans mes responsabilités depuis vingt ans et je leur reconnais des qualités de sincérité et d’idéalisme – je parle des militants, pas du parti. La sincérité, l’idéalisme et l’utopie, on n’en trouve plus beaucoup dans le monde politique. Mais je ne suis pas d’accord avec eux sur tout. Marie-Christine Blandin m’a dit que j’aurais une liberté de vote complète. Sur la sortie du nucléaire, je dis qu’il faut y aller progressivement. Sur l’éolien, je dis pas n’importe où et pas n’importe comment . La notion de paysage doit aussi être défendue. »
"Les manifs contre la loi El Khomri"
Hervé Poher : « Une fois de plus c’est une erreur de méthode. Une loi peut être nécessaire et bonne mais il faut savoir la préparer. Qu’il y ait des réactions épidermiques, c’est un peu normal car on a l’impression que seuls les patrons ont été entendus. On commence maintenant à écouter les salariés. Il faut des réformes, on ne peut pas rester dans le statu quo permanent mais nos technocrates devraient comprendre qu’une réforme, cela se prépare. Le gouvernement a fait la même erreur lorsqu’il a annoncé la suppression des départements début 2014 ! »
"la Déchéance de nationalité au sénat"
Hervé Poher : « Le texte réformant la Constitution doit être adopté dans les mêmes termes par les deux chambres pour que le Congrès puisse être convoqué. Comme le sénat a rajouté la binationalité, on va vers un blocage. Je peux comprendre la démarche du président de la République dans son discours au Congrès après le traumatisme du 13 Novembre. Il fallait montrer que la Nation n’avait pas peur et allait se battre. À Versailles, nous nous sommes tous levés et on a tous applaudi. Dans une période de stress et d’urgence, on peut prendre des décisions excessives. Ce n’est pas honteux de revenir en arrière une fois que la sérénité est retrouvée. Si le dossier s’arrête là, personne n’en voudra à personne. »
"Le camp de Grande-Synthe"
Hervé Poher : « Quand on voit comment le maire Damien Carême se démène depuis des années pour essayer d’héberger ces gens dans des conditions convenables, et qu’aujourd’hui le préfet l’enquiquine pour des raisons de sécurité, c’est honteux ! L’État ferait mieux d’accompagner la démarche exemplaire de Damien Carême.
En revanche je ne donne pas tort à l’État pour ce qu’il fait à Calais. Détruire la jungle et installer des hébergements, c’est exactement ce que fait M. Carême à Grande-Synthe !
Je ne me suis jamais exprimé sur le sujet depuis septembre 2002. À l’époque j’ai assisté à la réunion où le ministre de l’Intérieur d’alors, Nicolas Sarkozy, est venu annoncer aux élus locaux qu’il allait fermer Sangatte. J’ai été alors le seul, avec la députée européenne Hélène Flautre, à dire que ce n’était pas une bonne idée et que cela ne résoudrait pas le problème. M. Sarkozy nous a traités d’irresponsables. Pour lui, la fin de Sangatte allait tarir le flot des migrants. Et à la sortie je me suis fait disputer par mes collègues socialistes dont Jack Lang et le maire de Sangatte !
Depuis cette date, je n’ai pas voulu rajouter à la cacophonie. Les gens qui travaillent sur ce dossier, quel que soit leur bord politique, je leur tire mon chapeau ! Qu’aujourd’hui le préfet enquiquine Damien Carême pour des questions de sécurité, c’est honteux!»
Hervé Poher
Né le 19 mai 1952 à Calais.
1981 : installation comme médecin à Guînes.
1995 : élu maire de Guînes.
2002-2012 : suppléant de Jack Lang dans la 6e circonscription du Pas- de-Calais.
Avril 2012 : il est exclu du PS pour avoir maintenu aux législatives sa candidature contre Brigitte Bourguignon investie par le parti.
2013 : il remplace au sénat Odette Duriez après sa démission.