Arras, le 04/11/2013. Séance plénière du Conseil Général 62.
De façon obligatoire, de façon évidente, de façon synthétique.
J’ose dire « De façon obligatoire, » mes chers collègues, car il commence à être flagrant pour beaucoup d’entre nous que nous vivons un moment très spécifique, moment qui, sans être exceptionnel, ne reviendra pas de sitôt ;
Moment très spécifique parce que nous sommes devant des choix d’orientation qui pourraient engager notre collectivité, qui pourraient engager les autres collectivités et qui pourraient avoir un impact important sur la vie de nos concitoyens ;
Moment très spécifique où il faut avoir le courage, dans certains domaines, de passer aux travaux pratiques de la politique ; c’est-à-dire « qu’après avoir fait des mots, on fait des choses ». Nous l’avons fait dans la solidarité ; nous l’avons fait dans l’aménagement du territoire… Pourquoi ne pas le faire pour le climat, pour la biodiversité, pour une autre forme d’économie, pour l’avenir ou simplement pour nos petits.
Moment très spécifique et probablement unique dans le temps d’un élu, moment où nous avons la possibilité de devenir enfin écoresponsable (et on a tous envie de l’être) tout en faisant de l’économique et en étant solidaire de nos populations. Et avouez-le, tous ces moments-là, dans la vie d’un décideur, ne sont pas si courants. Un élu passe plus de temps à gérer qu’à imaginer ! Et pourtant, c’est bon d’imaginer…
Je vous l’ai dit tout à l’heure et cela a été rappelé par mes collègues, le hasard de la vie institutionnelle ou de la vie politique fait que nous arrivons, en même temps,
A un reformatage difficile mais honnête de notre Agenda 21,
A une interrogation légitime et qu’on ne peut pas éviter sur l’avenir énergétique,
Et à l’arrivée de certains essayistes qui nous proposent de rifkiniser avec eux…
Mesdames et messieurs, nous sommes à un croisement… Et là, la 4èmecommission n’a pas mis de rond-point… C’est un vrai croisement… c’est-à-dire que si vous loupez la route vous n’avez pas la possibilité de repasser devant…
Et la question est simple : « Sommes-nous prêts à innover, à inventer, à expérimenter ?… Parce que, nous le savons, parce que nous le sentons, parce que c’est le moment, tout simplement ! »
Je me suis permis de dire « de façon évidente… » Car c’est évident que nous avons, excusez l’expression, nous avons la matière pour être porteur d’un nouveau projet :
Nous sommes responsables de 6200 kilomètres de route et la mobilité fait partie de nos compétences ;
Nous sommes propriétaires de près de 370 bâtiments dont 126 collèges ; cela représente près de 1,2 million de m² et l’ensemble de ces bâtiments consomme plus de 10 millions d’euros par an pour l’énergie ;
Notre collectivité est propriétaire de près de 590 véhicules qui font plus de 12 millions de kms par an ;
8000 personnes travaillent pour le département
la contractualisation nous permet, depuis des années, d’être des partenaires des EPCI et de faire passer nos messages ;
Nous avons les compétences « sociale et solidarité, collèges, mobilité, environnement… »
Et là aussi, la question est simple : « Comment voulez-vous que tous ces champs d’intervention ne deviennent pas obligatoirement, automatiquement et naturellement des champs d’innovation ? Surtout quand on sait qu’on a le droit de rêver d’un autre monde et qu’on doit essayer de l’inventer. »
D’autres ont dit qu’ils s’engageaient… Mais ils n’ont pas le dixième de nos compétences et de nos champs d’action.
De plus, une nouvelle définition de certaines de nos politiques ne serait pas mono-factuelle ou mono-compétence : elle toucherait les routes, l’environnement, nos bâtiments, la vie de notre personnel, le développement économique, la solidarité…
Elle toucherait le fonctionnement interne aussi bien pour le bien-être de nos employés que pour être en adéquation avec nos engagements. Et notre fonctionnement externe a tout à gagner en créant une dynamique collective avec les communes et les EPCI. Elles sont toutes demandeuses. Il suffit de leur dire « où on va et comment on y va. »
Je termine en disant : « de façon synthétique ».
Bilan et diagnostic de tous nos bâtiments et mise aux normes, en particulier normes thermiques… Sur plusieurs années.
Imaginer la construction de bâtiments sobres en énergie, voire à énergie positive.
Avancer plus vite dans la mise en place d’un grand réseau de pistes cyclables.
Utiliser au maximum les énergies renouvelables et expérimenter le stockage ;
Mettre en place un programme pour aider les plus démunis avec le principe simple et évident « qu’il vaut mieux aider les gens à diminuer leur consommation d’énergie plutôt que de les aider à payer leur facture d’énergie. »
Faire une vraie réforme du fonctionnement interne du conseil général avec un plan de déplacement de l’administration, avec une mutation de notre flotte de véhicules et avec l’acquisition de bons réflexes de fonctionnement, tout cela faisant partie d’un Agenda 21.
Et tout cela, en s’adaptant ou en complétant, bien entendu, la démarche des autres… Si la Région installe, comme elle l’a annoncé, 2500 bornes électriques, c’est toujours cela de moins qu’on aura à faire. Nous, on s’occupera des véhicules.
Bref, mesdames et messieurs, nous savons
que le monde économique est demandeur,
que certaines collectivités locales vont y aller,
que les autres ne demandent qu’à y aller… Le fatalisme de la crise ne peut pas durer éternellement ;
Nous savons que cela peut aider à créer des centaines de milliers d’emplois, directs et dans les multiples sous-traitances.
que l’investissement initial sera regagné et c’est obligatoire étant donné l’évolution du prix de l’énergie,
Nous savons que les programmes européens seront orientés « transition énergétique et troisième révolution industrielle »;
Idem pour le contrat de plan Etat Région…
Nous savons, enfin, que nous aurons une vraie responsabilité politique devant le dérèglement climatique et le mal-vivre de notre environnement… « Et quitte à être responsable, autant être responsable d’un dynamisme incertain plutôt que d’être responsable de catastrophes programmées. »
Bref, nous avons toutes les raisons, tous les arguments et tous les atouts pour être un des acteurs de cette nouvelle vision des choses.
Consacrons une petite partie de notre budget à cet engagement, à cette dynamique, à cette ambition. A un fond spécifique qui permettrait un total engagement environnementaliste et qui donnerait, à nos politiques, un petit supplément d’âme.
Nous n’avons pas grand-chose à perdre et nous avons beaucoup à gagner !!!
Mes chers collègues. Dans cet hémicycle, j’ai souvent cité Oscar Wilde qui disait : « Le progrès n’est que l’accomplissement des utopies. » Tout le monde n’en est pas persuadé, hélas !.
Mais quand l’histoire vous donne l’occasion de transformer une utopie en réalité… Il ne faut pas laisser passer cette chance-là. Elle est souvent unique… Et nous ne serions pas vexés si un jour, enfin, les journalistes pouvaient nous traiter de « voleurs de rêves, de créateurs de chances ou de promoteurs d’avenir… »
C’est tout le mal que je nous souhaite, mais, ça, c’est à vous de décider !
Merci de votre attention.
Hervé Poher
Mots-clés: Conseil Général 62, orientation, climat, biodiversité, écoresponsable, imaginer, compétence, innovation, énergies renouvelables, énergie positive, stockage, transition énergétique, Troisième révolution industrielle, dynamisme incertain, catastrophe programmées, voleur de rêves, créateurs de chances, promoteurs d'avenir.