5 millions de KWS produits par l’usine/ usine de biométhanisation
Hervé Poher
Au pied levé, laissez-moi vous dire quelques mots.
Et pour vous avouer qu’aujourd’hui, je vais faire quelque chose d’inhabituel, je vais faire un « mea culpa ». Mesdames et messieurs les journalistes, profitez-en, car un élu qui fait un « mea culpa », en France, c’est quand même très rare. Et un « mea culpa » parce qu’un jour, je l’avoue, j’ai fait une erreur : pas dans ce que j’ai dit ou ce que j’ai réalisé, mais dans mon raisonnement intellectuel. Je m’explique.
Je fais partie de ces élus qui ont créé le SEVADEC, avec le Président Hénin et hommage lui a été rendu. Et nous avons mis en place le SEVADEC, avec le tri, avec les déchetteries, avec un traitement des ordures ménagères. Et lorsque nous avons imaginé l’usine de biométhanisation, j’ai eu peur ; j’ai été effrayé, je le reconnais. Effrayé par les chiffres ; effrayé par les sommes, effrayé par ce que nous allions devoir demander au gens et j’ai réagi en élu local : « Comment allions-nous faire pour réclamer de telles sommes à nos populations ? » Nous allions nous faire tuer…
J’étais très réticent et je suis sûr que si vous retrouvez les comptes-rendus de réunions, vous y verrez que j’ai souvent émis des doutes, d’autant qu’on nous avait dit que le système n’était pas au point et, je crois même, qu’il m’est arrivé de m’abstenir lors d’un vote.
Mais après, en tant que vice-président du Conseil Général, j’ai eu la charge de m’occuper du plan départemental du traitement des ordures ménagères et c’est à ce moment là que je me suis rendu compte de mon erreur.
J’avais été effrayé par les chiffres et par les sommes… Or quand on est un élu, un décideur ou un responsable, avant de regarder les sommes, on doit regarder les idées ; avant de manier la calculatrice, on doit manier les symboles… C’est cela le devoir et l’obligation d’un élu. Et si on doit investir pour l’avenir, si on doit changer le monde, on ne peut pas s’arrêter aux chiffres.
Alors, « mea culpa ». Je n’avais pas compris que certains avaient une démarche d’anticipation, d’avenir et de réalisation des utopies. J’ai l’habitude de dire une phrase d’Oscar Wilde : « Le progrès n’est que l’accomplissement des utopies. » Franchement, l’usine de biométhanisation, à l’époque, c’était un peu une utopie ; maintenant, c’est devenu un progrès.
Et je vous assure que dans le plan départemental des ordures ménagères, l’usine de Calais a toute sa place, comme un symbole au nord du département ; symbole qui dit : « Ils ont osé le faire ; ils peuvent servir d’exemple ; à un moment, certains élus ont eu une vision d’avenir. » Voilà pourquoi je vous avoue un « mea culpa ».
Et permettez-moi de terminer sur une anecdote.
Je suis un habitué de la région d’Avignon et de Saint-Rémy de Provence. Et il y a quelques années, j’étais à Saint-Rémy avec ma femme et sur toutes les vitrines, dans les magasins, il y avait une affiche avec une vague photo d’usine et en dessous, il était écrit : « Non, ne faisons pas comme à Calais : résistons ! ». J’étais un peu intrigué et au bout d’un moment, ma femme me dit « Va demander de quoi ils parlent. »
Je rentre donc dans un magasin et je vois un groupe de gens qui discutaient avec force mots et force gestes comme ils savent le faire là-bas.
Je vais voir le commerçant et je lui demande en essayant de cacher mon accent du nord : « C’est quoi cette affiche ? ». Et le monsieur m’explique qu’à Calais ils avaient fait une usine de biométhanisation, que tout était pollué et que, c’est tout juste, si les gens ne mourraient pas au bord des routes… Et « qu’ils » voulaient faire la même chose à Saint-Rémy. Et à la fin, il me regarde et me demande : « Vous êtes de là-bas ? » Et moi, pas très courageux, j’ai répondu : « Oh non ! Mais j’ai des cousins là-haut ! »… mais très honnêtement, s’il faut faire une usine, ce n’est pas à Saint-Rémy qu’il faut l’installer…
Tout cela pour dire, Madame Lauby, Monsieur le président, mesdames et messieurs que, désormais, je prendrai la défense des usines de biométhanisation, je vous le promets.
Hervé Poher