Fermeture du colloque RAMSAR; Saint-Omer le 15/11/2013
Mercredi, je vous ai accueillis avec ma casquette de président du Parc des Caps et Marais d’Opale. Et j’ai essayé de vous faire comprendre pourquoi nous aimions ce parc, pourquoi nous étions mobilisés et pourquoi nous étions attachés à ce territoire.
Que nous aimions le blanc de nos falaises, le vert de nos collines et le bleu de nos marais.
Que nous étions fiers de vivre dans ce pays couvert de distinctions : un Grand Site des Caps, un site RAMSAR, une réserve naturelle nationale et un site reconnu Men and Biosphère. Tout cela pour un seul et même pays fait d’ambiances, de couleurs et de sensations.
Mais aujourd’hui, je viens vous dire « au revoir », soit avec ma casquette de Vice-Président du Conseil Général, soit avec celle de Président du Comité de Bassin de l’Agence de l’Eau. Eh oui, je fais partie d’une race en voie de disparition : je suis un cumulard. Mais remarquez quand même, qu’être président d’un parc, vice-président chargé de l’environnement et président d’un comité de bassin… Tout cela a une certaine logique et m’autorise à vous parler des zones humides.
Alors, je vais vous parler de RAMSAR mais, sous un angle que vous n’avez peut-être pas évoqué.
RAMSAR, c’est pour moi un peu le témoin de nos problèmes et le miroir de nos turpitudes.
En effet, quand vous parlez de zones humides, vous ne pouvez pas faire autrement que d’évoquer l’urbanisme et la disparition des zones humides… Les bêtises et âneries que nous avons faites ou laissé faire, pendant des décennies, en faisant de l’aménagement du territoire de façon idiote ; en autorisant des constructions là où il ne fallait pas construire ; et si ces terrains qui sont devenus constructible, c’est bien par inconscience, par intérêt personnel ou par électoralisme… C’est si facile de gagner des voix en mettant constructibles des terrains qui ne devraient pas l’être.
Et il faut changer de comportements ; il faut faire passer le message ; il faut essayer de faire comprendre, même si c’est dur, qu’on doit arrêter de consommer de la terre agricole et qu’on doit respecter ce que la nature nous a donné. L’état le dit ; c’est à nous, localement d’être les promoteurs de cette nouvelle attitude… Et Dieu sait si c’est dur !
Et les zones humides… C’est nous rappeler le problème des inondations. Ces zones ont toujours servi d’éponge, depuis que le monde est monde et maintenant que nous les avons amputées, nous sommes confrontés, régulièrement aux problèmes des inondations. Nous avons imperméabilisés les sols et nous avons diminué les zones humides. Les inondations sont là, régulières, récurrentes.
Et le marais, ici, c’est le début des polders et des wateringues. Zone humide en permanence et que nous ne savons pas gérer… Non, nous français, nous ne savons pas gérer ces territoires. Et pourtant, nous pompons ; nous essayons de limiter les dégâts mais nous sommes toujours sous le risque de la submersion marine et de l’inondation… Et au ministère, j’en profite, faites-leur passer le message, ils ne savent pas ce que sont les wateringues et ce qu’est un watergang… Nous sommes uniques en France ! Et pourtant, cela concerne plus de 400 000 personnes.
Et les zones humides, c’est aussi le témoin de la perte de biodiversité. Qu’on le veuille ou non, nous la voyons disparaitre cette biodiversité. Ce matin, j’ai entendu qu’un organisme venait de publier la liste des 78 sites dans le monde qui sont indispensables au maintien de la biodiversité. Et le journaliste de rappeler que toutes les 20 minutes, nous perdons une espèce de plante ou d’animal.
Et je vous rappelle, moi, qu’actuellement, nous vivons plus qu’avec 0,5% de la biodiversité de notre monde ; c’est-à-dire que nous en avons déjà perdu 99,5% de la diversité biologique. Et le 0,5%, c’est le capital qui nous reste… Si nous pouvons le garder.
Tout cela pour dire que faire du RAMSAR et protéger les zones humides, ce n’est pas uniquement protéger les flaques d’eau, protéger les « garnouilles » ou photographier les roseaux. Faire du RAMSAR, c’est un concept, une idée, un mode de vie, un mode d’agir en politique et en citoyen.
Alors pour terminer. Pendant 3 jours, vous avez parlé RAMSAR ; vous avez mangé RAMSAR ; vous avez dormi RAMSAR. Bref, vous êtes dans une secte. Et comme toute secte, vous avez un idéal et vous avez des utopies. Je vous rappelle qu’Oscar Wilde disait : « Le progrès n’est que l’accomplissement des utopies. ». Ce que je vous dis là fait un peu écolo, c’est vrai. Mais il n’y a pas de honte à être écolo en 2013…
Aussi, je vous dis simplement: garder vos utopies… Surtout gardez vos utopies parce que cela rendra service au président du parc, à celui du comité de bassin, au vice-président du conseil général… Bref, cela me rendra service à moi.
Cela rendra service à la société…
Et cela rendra service à mes petits-enfants et rien que pour cela, je vous en serai éternellement reconnaissant.
Hervé POHER
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