Séance plénière du CG. Arras
Monsieur le Président, chers collègues.
Permettez-moi de profiter de la question de Mr Majewicz et de Monsieur Carpentier pour rappeler quelques principes, qui sont pour beaucoup d’entre nous des évidences mais qui, hélas, ne le sont pas pour tout le monde. En effet, on s’aperçoit qu’après des catastrophes naturelles, certaines personnes ou certaines catégories de personnes ont une forte propension à chercher des têtes de turc, à dénigrer les efforts collectifs, à changer l’histoire, comme nous venons de l’entendre et, régulièrement, on assiste, comme aujourd’hui, à des demandes d’aides financières, de professionnels et de particuliers : ce qui est logique.
Dans le domaine des catastrophes et des inondations, en particulier, je pense qu’il est nécessaire de rappeler que nous sommes tous responsables et tous coupables ! Bien sûr, nous ne sommes pas directement responsables de la quantité d’eau qui tombe du ciel… Quoiqu’une modification du climat, induite par l’activité humaine, devienne de plus en plus évidente. Mais nous sommes tous responsables et tous coupables des conséquences de ce nouveau phénomène :
- Les élus sont responsables parce que pendant des décennies, ils n’ont imaginé l’aménagement du territoire qu’en fonction, souvent, de contingences locales, parfois de contingences électorales mais en ayant toujours l’obsession du goudron. Heureusement, cette façon de faire est en train de changer.
- Les agriculteurs sont responsables parce que sous prétextes de remembrements ou d’une meilleure productivité, ils ont arraché des haies ou bouché des fossés. Et pendant des années, les collectivités territoriales, comme la notre, on subventionné l’arrachage de haies… et maintenant nous finançons la plantation des haies.
- Le particulier est responsable parce que bien souvent, il pense que la nature est à son service, à sa disposition et qu’il ne fait pas le minimum d’entretien, obligatoire de par la loi, des rives des cours d’eau, des fossés ou des watergangs.
Bref, mes chers collègues, en ayant un minimum d’objectivité, quelles que soient nos positions sociales ou nos responsabilités, il faut reconnaître que nous avons tous une petite partie de responsabilité.
Et si ce principe là est accepté, il en découle un corollaire qui est de dire : « Nous sommes tous responsables et tous coupables, donc en cas de catastrophe, nous sommes tous solidaires et nous faisons tous le gros dos. »
Si je me permets de vous rappeler cela, c’est qu’à l’occasion des dernières inondations, dans le sud du Calaisis, j’ai malheureusement vu et entendu certaines personnes ayant oublié ce principe fondamental.
Le 12 et 13 Août, c’est sur le canton de Guînes, qu’est tombé le maximum d’eau : 200 mm en 28 heures. D’habitude, il tombe entre 600 et 800 mm par an. Toute cette eau a dévalé la vallée de la Hem, en une vague, détruisant le pont de Clercques au passage et a fini sa course, dans le canton d’Audruicq et en particulier à Polincove et à Recques-sur-Hem.
Les 3 bassins versants du canton ont été touchés :
- Le bassin sud-est, c’est à dire la Vallée de la Hem, avec des dégâts considérables, dans toutes les communes, tout le long de la vallée et dans le canton d’Audruicq ;
- Le versant nord avec les communes de Hames-Boucres, Guines et Andres.
- Et même le versant sud, avec la commune de Fiennes, qui est dans le bassin de la Slack.
Un tel phénomène météorologique est exceptionnel, même si je pense personnellement qu’il se reproduira de plus en plus souvent. Et j’en profite pour remercier, Monsieur le Président :
- les services du SDIS, qui ont été présents dés le départ,
- les services de la voierie départementale qui n’ont pas compté leurs heures et qui ont été d’une efficacité remarquable. Ils ont même été chercher des retraités du département qui ont travaillé pendant 36 heures !
De plus, ayant une certaine habitude des inondations, permettez-moi de dire que, contrairement aux catastrophes précédentes, la chaîne décisionnelle a parfaitement fonctionné : L’institution Interdépartementale des wateringues a su intervenir très tôt et les voies navigables ont su gérer, intelligemment, les canaux qui sont nos exutoires obligatoires.
Tout le monde a fait son travail et, je n’ai pas peur de le dire : nous avons limité les dégâts. Aussi, Monsieur le Président, mes chers collègues, vous pouvez comprendre ma colère légitime lorsque j’ai vu, le 14 Août au soir, sur FR3, un membre de la profession agricole qui mettait en cause les élus, en particulier ceux de la vallée de la Hem, en disant : « Ils ne font rien ! Y’a qu’à faire ça ; y faut faire ça ! »
2 jours après, un article dans les journaux mettait en cause les collectivités territoriales qui, soi-disant, ne donneraient plus de financements dans la lutte contre les inondations.
Aussi, je tiens à rappeler 3 vérités:
- 1ère vérité : Que le CG, dans le cadre de ses politiques et dans le cadre de l’avenant intempéries du contrat de plan, a toujours aidé les collectivités qui veulent trouver des solutions et faire des aménagements.
- 2ème vérité : Que des solutions sont possibles, et lors de la pluie tropicale de mi-août, nous l’avons prouvé sur certaines communes mais ces solutions ne sont possibles qu’avec une forte volonté publique et, surtout, une bonne volonté du monde agricole. Et heureusement, certains agriculteurs l’ont compris et ceux-là, il faut les en remercier.
- 3ème vérité : Que la solidarité peut se comprendre, mais qu’elle ne doit pas être à sens unique. Si certains veulent une solidarité financière, qu’ils montrent d’abord une solidarité avec le reste de la population et qu’ils arrêtent de chercher des têtes à couper.
En tant que Vice-Président chargé de l’environnement et en tant que Président du Comité de Bassin, je peux vous affirmer que beaucoup d’élus, que beaucoup de collectivités dans ce département veulent trouver des solutions. Et ils se démènent comme des beaux diables. Et ils le font avec un seul but : l’intérêt général. Et devant cette évidence qui veut que ce phénomène se reproduira de plus en plus souvent, il serait sain, il serait intelligent et il est plus que temps que tout le monde, je dis bien, tout le monde, ait comme seule préoccupation l’intérêt général.
C’est pourquoi, Monsieur le Président, avant de parler de solidarité, je demande qu’au sein de la 5ème commission, sous l’autorité du vice-président chargé des affaires agricoles, et avant la discussion sur la convention qui nous lie à la chambre d’agriculture, soit organisée une réunion de concertation entre
- Les collectivités, maîtres d’ouvrage de certains projets,
- Le CG, qui est un des financeurs
- La chambre d’agriculture
- Et les syndicats agricoles
Il faut, malheureusement, profiter de ce type de catastrophe pour remettre les points sur les I et les barres sur les T.
Pour répondre à Monsieur Carpentier, je tiens à préciser que si je suis allé à Clerques, c’est que les dégâts étant les plus nombreux dans le canton de Guînes, les techniciens sont venus à Guînes et que nous en avons profité pour faire un saut à Clerques, d’autant que le maire m’avait téléphoné.
Monsieur le Président. Pardonnez-moi si j’ai été un peu direct, mais quand on utilise trop souvent la langue de bois, on finit par attraper des aphtes.
Hervé Poher