Signature de la convention tripartite. Andres
Mesdames, Messieurs,
Le protocole voudrait que je nomme chacun d'entre vous, dans un ordre bien défini et selon vos responsabilités, grades ou fonctions.
Mais, permettez-moi d'être incorrect, d'être irrespectueux et d'être simplement, en dehors des convenances, en vous disant simplement : "mes chers amis".
Lorsqu'on organise une manifestation, ce n'est pas pour faire la fête ; ce n'est pas pour voir sa photo dans le journal et ce n'est pas pour afficher des certitudes.
Non, vous les élus, les responsables associatifs et vous-même, dans vos familles ou dans votre travail, vous le savez bien, une réunion ou une manifestation sert à faire passer un message. Message clair, quand il est clairement exprimé. Message subliminal, quand il est basé sur l'amitié ou la tendresse. Mais quelque soit sa forme, le message doit être porteur de symboles.
Et ce soir, les symboles sont nombreux :
nous allons signer, juste après les interventions, une convention entre une intercommunalité belge, une intercommunalité française et une intercommunalité malienne… une convention tripartite… Vous le savez, ce n'est pas courant… et dans les Trois-Pays nous aimons faire ce qui n'est pas courant !!
De plus, comme on s'appelle Communauté de Communes des Trois-Pays, il fallait bien, un jour ou l'autre, qu'on puisse réunir, dans un même lieu, trois pays différents.
2ème symbole : nous signons cette convention à Andres, petite commune de 1 500 habitants ; ce n'est pas anodin. Cela veut, tout simplement, rappeler qu'il n'y a pas besoin d'être nombreux pour porter un regard sur l'autre ; qu'il n'y a pas besoin d'être riche pour tendre la main ; qu'il n'y a pas besoin d'être un urbain pour imaginer la solidarité. C'est aussi, je l'avoue, une certaine forme de reconnaissance vis-à-vis de Madame le Maire d'Andres, Rose-Marie, que l'on sait tellement impliquée physiquement, intellectuellement et affectivement, dans son désir d'aider les pays en voie de développement.
Enfin, pour en terminer avec les symboles, permettez-moi d'être un peu politique. Il y a depuis quelques années, et encore plus maintenant, avec les évènements internationaux, dans notre société, certaines tendances au repli sur soi, à l'austracisme, au racisme et à la xénophobie. Et de ces tendances, contraires aux fondements même de nos sociétés, émanent et se dégagent certaines odeurs malsaines. Alors réunir dans une même salle, pour un projet commun, des Français (qui sont toujours un peu franchouillards), des belges (qui de surcroît sont flamands) et des maliens (qui sont en grand majorité musulmans), c'est, permettez-moi de le dire "une bonne claque aux mauvaises odeurs".
Merci à nos amis maliens d'être là. Vous nous avez fait comprendre que la gentillesse, le sourire et la joie de vivre pouvaient être les fondements du développement, dans une toute jeune démocratie.
Merci à nos amis belges d'être là. Vous nous avez fait comprendre que la gentillesse, le sourire et la bière pouvaient être les fondements d'une compréhension mutuelle… même si la compréhension est moins bonne quand on a bu trop de bière.
Merci à vous tous d'être là. Ce moment ne marquera, sans doute pas, la mémoire des médias. Mais, il marquera, à n'en pas douter, nos esprits et nous cœurs.
Je ne sais pas qui a dit "dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es". Eh bien, nous aujourd'hui, nous allons faire la fête avec des belges et nous allons rire avec des maliens, et rien que pour cela, nous sommes contents de ce que nous sommes.
Hervé Poher