Représentant le CG. Préfecture Arras
Monsieur le Préfet,
Puis-je me permettre de dire "la boucle est bouclée". En effet, je pense avoir été un des premiers élus à vous avoir accueilli dans le Pas-de-Calais, fin 2001. Vous étiez venu à Guînes inaugurer, une nouvelle Mairie, une maison de l'enfant et une classe maternelle. Cela nous avait d'ailleurs posé des problèmes car nous nous étions trompés sur l'orthographe de votre prénom. Mais je vous rassure … tout est rectifié.
Je ne sais pas si vous vous rappelez de ce que je vous avais dit ? Je vous avais prévenu que le département du Pas-de-Calais était un département difficile, parce qu'il s'y passait toujours quelque chose et que la population et les élus étaient exigeants, très exigeants.
Maintenant que vous partez, je pense pouvoir dire que je ne m'étais pas trompé.
Il s'y passe toujours quelque chose ; vous avez été servi. Comme l'a rappelé le sénateur maire d'Arras, entre Metaleurop, la Comilog, la légionellose et les réfugiés… que de dossiers.
Et les élus sont exigeants. Et je vais essayer de vous expliquer pourquoi.
Un département, c'est comme un être vivant ; il y a l'inné et il y a l'acquis.
Notre inné, c'est nos origines : imaginez un mélange de celte, avec un peu de saxon, ajouté à des flamands, des espagnols, des anglais… le tout avec une bonne pincée de polonais, d'italiens et de portugais… vous pouvez comprendre qu'on ait du caractère. Et notre acquis : c'est notre histoire… et je ne parle même pas des guerres : on les a toutes eues.
C'est tout ce qui arrive depuis des années, dans tous les domaines et qui fait que nous avons souvent, de façon injustifiée, j'en conviens, l'impression d'être des mal-aimés et si vous prenez notre inné et notre acquis, vous pouvez comprendre que dans le Pas-de-Calais, nous ayons la révolte à fleur de peau.
Avec une constante, Monsieur le Préfet, qu'il faut nous reconnaître : nous sommes toujours respectueux de l'Etat, de ses représentants et des lois. ; et je me suis laissé dire que ce n’est pas comme cela, partout en France.
Voilà ce que je voulais vous dire, Monsieur le Préfet.
Alors, je vous dois vous offrir un cadeau de la part du Conseil Général… cela vous rappellera la bonne ville d'Arras.
Mais j'ai deux autres cadeaux, Monsieur le Préfet.
En effet, il m'est insupportable d'imaginer que bientôt, vous n'allez boire que du calva. Alors, je suis allé, ce matin, vous acheter une bouteille de Houlle… et puis, dernier cadeau, tout à fait inutile et strictement personnel… c'est un petit viking… comme cela, vous le mettrez sur votre bureau ou votre bibliothèque et en le regardant vous penserez à certains élus du Pas-de-Calais, qui attaquaient à coup de hache et dont le cri de guerre était "par Thor et par Odin" et qui, malgré tout, avaient de l'estime pour Monsieur Cyrille Schott.
Hervé Poher