Centre Hospitalier de Boulogne
Mesdames et Messieurs.
Je tiens à vous remercier de cette preuve de confiance ; j’essaierai d’en être digne.
Cette instance est une instance de discussion, de concertation et, comme il est écrit dans les textes officiels, devra « contribuer à l’élaboration du SROS, ainsi qu’à l’évaluation de celui-ci et devra être l’animateur du Projet Médical de Territoire ». C'est-à-dire que nous devrons participer et donner notre avis sur un sujet essentiel pour nos populations : l’offre de soins et un aménagement sanitaire équilibré sur tout le bassin de vie littoral.
Le sujet est assez important, voire grave, dans une région qui présente les plus mauvais indices sanitaires de France, pour que je me permette d’émettre quelques règles du jeu, qui sont des avis personnels mais qui me semblent incontournables.
1ère règle : Nous devons nous exprimer sur les besoins réels de nos populations, sur les enjeux réels d’un aménagement sanitaire du territoire, sur l’efficacité réelle d’un réseau de prise en charge et d’offre de soins.
Contrairement à certains décideurs, nous ne pouvons pas nous baser, uniquement, sur des chiffres ou sur des répartitions pseudo spatiales qui pourraient nous donner bonne conscience.
Nous ne pouvons pas avoir une telle démarche technocratique car nous, quelles que soient nos responsabilités ou nos fonctions, nous sommes en prise directe avec le terrain. Certes, nous ne sommes pas les décideurs directs, mais nous nous représentons, à un titre ou à un autre, le système de soins d’un territoire et nous devons défendre les usagers et les professionnels de ce système de soins.
C’est pourquoi, il me semble naturel que nous puissions nous exprimer librement…. Nous ne serons peut-être pas écoutés, mais nous serons entendus !
Ce qui veut dire, et je tiens à prévenir l’ARH, que nous ne pouvons pas et ne devons pas être des bénis oui oui. Cela me semble une évidence.
2ème règle : Nous vivons dans une société où la santé publique dépend de nombreux facteurs : Démographie médicale, habitudes et mode de vie de nos populations, contingences financières fixées par l’état…..et j’en passe. L’offre de soins ne peut plus être un domaine réservé à certains. La composition de cette conférence sanitaire en est la preuve. Au sein de cette instance, nous avons, en effet, des établissements publics et privés, des socioprofessionnels, des usagers et des élus.
C’est pourquoi, je le dis clairement, qu’il serait inopportun, voire indécent d’entendre, au sein de cette assemblée des discours corporatistes. Cela me semble une évidence.
3ème règle : Nous savons, parce qu’on nous l’a appris, que nous devons raisonner par grands ensembles, par bassins de vie. Le manque de personnel médical et paramédical, les contingences financières et un souci d’efficacité nous ont amené à appréhender cette nouvelle notion de l’aménagement du territoire. Or, nous avons tous le réflexe très naturel, surtout dans le domaine de la santé, de nous intéresser et de défendre ce qui nous touche le plus directement, ce que l’on connaît le mieux, ce qui fait partie de notre espace professionnel, de notre espace d’influence ou de notre espace d’usager. Au sein de cette instance, ce réflexe doit être proscrit. Nous ne pouvons pas, au sein de cette conférence, avoir des discours empreints de poujadisme local. Cela me semble une évidence.
D’ailleurs, à ce sujet, je tiens à vous signaler, qu’afin de lever toute ambiguïté sur mes motivations et sur mon indépendance d’esprit, je procéderai, dés ce mois-ci, à mon remplacement au sein du CA de l’hôpital de Calais.
Voilà, les 3 règles que je voulais vous énoncer et qui me semblent des évidences.
Cette Conférence Sanitaire de Bassin n’est qu’un parlement, l’ARH étant le gouvernement.
Mais comme tout parlement, nous avons le droit de discuter, de contester, de critiquer et même d’approuver. Même si nous n’avons pas le pouvoir de la décision, nous avons le pouvoir de la parole et de l’écrit…… A nous, d’en faire bon usage.