Mesdames et Messieurs.
Vous l’avez vu, pour cette cérémonie, Marc, premier adjoint de notre commune a décidé, non pas de
vous parler de 2006, mais bien de vous faire un survol des 2 mandats que nous avons accomplis.
Si nous avons voulu vous proposer cette rétrospective, c’est que 12 ans, ce n’est pas rien dans la vie
d’une commune et de ses élus. C’est exactement 2 mandats et, normalement,
nous aurions dû revoter cette année. Il semble que cette éventualité s’éloigne et que les prochaines élections
municipales se dérouleront bien en Mars 2008. Mais il est bon de rappeler, de temps en temps,
ce qui a été fait durant une certaine période car, vous le savez bien, ce qui est avalé n’a plus de goût.
C'est-à-dire que des gens peuvent désirer quelques chose pendant des années, le réclamer, voire le
revendiquer,être contents quand ils assistent à sa réalisation et oublier, tout de suite pourquoi cela a été
fait, qui l’a fait et avec quels moyens. Je vous avais déjà parlé de ce phénomène, lors du lancement de la
campagne pour le Tsunami. J’avais dit, en parlant de l’information : « Vite avalé, vite digéré, vite oublié. »
Et c’est la même chose dansla vie d’une commune.
Permettez que je continue dans la lignée de Marc, mais avec une autre approche. Lorsqu’on entend ce bilan de
12 années de travail, vous pourriez vous dire : « Certes, c’est bien mais tout cela, il fallait le faire ; tout cela est
très positif ; tout cela va dans le bon sens. » Et c’est vrai que ce que nous vous avons montré est un bilan
basé sur la solidarité, l’aménagement de la ville, le confort des citoyens et une certaine notion du service
public. Bilan dont nouspouvons être fiers.
Mais cela ne met pas en évidence la difficulté des dossiers, le labyrinthe administratif que nous devons
affronter tous les jours, les casse-tête financiers que nous devons appréhender…
Et pour mettre en valeur la face cachée de ce travail, j’ai cherché un point commun à toutes ces années,
quelque chose qui a marqué de nombreuses réalisations, quelque chose qui a été noté par tous les
protagonistesde ces dossiers…Et figurez-vous que j’ai trouvé : L’élément commun à tous ces dossiers,
depuis 12 ans, c’est le mauvais caractère du maire de Guînes et ses fameux coups de gueule. Et, je dois
l’avouer, cette image me colle, un peu trop, à la peau… En fait, je n’ai pas mauvais caractère…
Je refuse simplement de parler la langue de bois et que j’appelle un matou… un chat ; une bêtise…
une idiotie et un enquiquineur… un emmerdeur.
J’ai l’habitude de dire : « Elu à langue de bois, haleine de putois. » Si vous ajoutez à cela que les guinois,
descendants avérés des vikings, ont une fâcheuse tendance à manier la hache… Mais comme j’ai la
réputation d’avoir mauvais caractère… Alors, je l’assume… Mais au nom de toute l’équipe municipale.
Alors, pour résumer 12 années de gestion municipale, je vais vous faire une anthologie des coups de gueule,
faisant intégralement partie de la cérémonie des vœux. Cela permettra de vous souvenir ; cela permettra de
vous faire sourire et vous verrez que cela me permettra de passer en revue quelques grands méandres
administratifs, cachés au sein des dossiers communaux les plus importants. Et ces grands dossiers sont
directement branchés sur ce qui s’est passé en 2006 et sur ce qui se passera dans les années futures.
CEREMONIE DES VŒUX 1996
En juin 95, la nouvelle équipe venait juste de se mettre en place ; et elle s’est installée avec une logique
politique claire : continuité de la gestion et respect des décisions dans le cadre de la démocratie. C'est-à-dire que tout ce qui avait été décidé, avant notre arrivée, par l’équipe précédente, devait être fait, quelles que soient nos opinions ou nos réticences.
C’est dans cette logique que nous avons lancé les travaux d’un cinquième terrain de football, qui, au départ,
devait être en synthétique. Les travaux étaient bien entamés et c’est alors que je reçus une lettre de la
sous-préfecture me demandant de tout arrêter.
Et pour quel motif ?? Le contrôle de légalité venait de s’apercevoir que, dans l’appel d’offre, déposé par la
municipalité précédente, une virgule avait été mal placée et que cela pouvait amener à une erreur
d’interprétation de la part des entreprises. Et la sous-préfecture me demandait de recommencer
toute la procédure….
Grosse colère… Enorme colère… Et malgré des échanges épistolaires, exempts d’amabilité entre la mairie et
la sous-préfecture, nous avons dû arrêter les travaux et recommencer toutes les procédures. Que de temps
perdu, que d’énergie dépensée ! Mais je dois vous avouer, pour être honnête, que cela n’a pas été plus mal,
car au lieu de faire un terrain synthétique, nous avons fait un terrain en schiste et qu’avec l’argent ainsi économisé,
nous avons pu créer une piste d’athlétisme.
Comme quoi, une simple virgule peut changer le cours de l’histoire.
Comme dit un vieux proverbe :
« Dans l’art de l’écriture, l’élite de la nation
Doit savoir se plier à la ponctuation. »
CEREMONIE DES VŒUX 1997
L’année 96 restera très sombre dans ma mémoire. En effet, début 96, j’avais imaginé la création d’une
grande intercommunalité rurale, allant de Herbinghen aux confins de Calais, allant du pays de Licques
jusqu’à Escalles.
Bref, un énorme ensemble rural qui pourrait faire le pendant à une communauté calaisienne qui allait,
inéluctablement, se mettre en place. Il fallait que les ruraux puissent s’unir pour pouvoir discuter avec le
grand calaisis.
Et cette idée me semblait tellement évidente, tellement naturelle, tellement géniale que je ne pouvais pas
imaginer que quelqu’un soit contre. D’où une erreur de psychologie, d’où une erreur de pédagogie de ma part…
les esprits n’étaient pas prêts.
En juin 1996, je me suis retrouvé, à Arras, devant une commission d’élus, présidée par le Préfet,
mais les membres de cette commission n’étaient pas venus pour examiner la pertinence du dossier… Ils
étaient venus, dans une démarche politicienne, pour couper la tête à Poher. Et ils l’ont coupée…
La grande intercommunalité ne s’est pas faite.
Mais même, si j’assume totalement la responsabilité de cet échec, je continue à dire que c’était une belle idée,
aujourd’hui encore plus qu’hier. D’abord déçu, puis révolté, je devais accepter ce mauvais coup. Mais je dois
vous avouer que cet épisode m’a appris beaucoup.
Aussi, vous pouvez comprendre ma jouissance, quand en Mai 2006, nous fûmes tous convoqués par le
Préfet du Pas-de-Calais qui nous intima l’ordre de fusionner les intercommunalités. Et ma jouissance devint
extrême quand on nous proposa les nouvelles limites, résultant de cette fusion : c’était exactement le projet
que j’avais proposé en 1996. Et c’est vrai que, maintenant, on pouvait en parler : le contexte avait changé et les
esprits avaient évolué.
Et durant cette réunion, inquiet de me voir anormalement silencieux, le préfet me demanda mon avis.
Je lui répondis : « Moi, Monsieur le Préfet, je ne demande rien et je ne pense rien ! En 1996, j’ai
proposé exactement le même projet ; on m’a répondu que ce n’est pas un petit conseiller général qui allait
faire la loi et que ma proposition n’était pas valable. J’ai parfaitement compris la leçon et, depuis cette
époque, Monsieur le Préfet, je ne demande plus rien et j’évite de phosphorer pas à la place de l’état ».
Comme quoi, en politique, on a toujours tort d’avoir raison trop tôt.
Comme dit un vieux proverbe :
« Quand on veut faire bouger un âne trop têtu,
On risque, bien souvent, quelques déconvenues. »
CEREMONIE DES VŒUX 1998
La mairie est plongée dans le dossier du champ captant. Depuis 1995, on nous a démontré que nous devions
impérativement protéger la nappe phréatique ; que nous devions faire de l’assainissement partout ; que
l’assainissement déjà en place avait été mal fait et que cette nouvelle démarche allait coûter 20,30,40 millions
de francs à la commune.
Et c’est alors que surgit une évidence flagrante : Pourquoi les 5000 habitants de la commune de Guînes
devraient-ils assumer des travaux pour protéger un champ captant qui alimente plus de 100.000
personnes ? Parce que nous habitons au dessus de l’eau, nous devrions, nous seuls, endetter la commune
pour protéger une eau qui sert à tout le monde ? C’était franchement anormal, illogique et injuste.
A de nombreuses reprises, j’ai dénoncé cette injustice administrative et là, nous avons gagné. Nous avons
inventéle premier contrat de ressources du Nord-Pas-de-Calais : tous les consommateurs de l’eau
venant de Guînes devraient payer une surtaxe de 3 cts de franc par m3. Et 3 centimes, ce n’est rien….
Sur une facture moyenne de 100m3, cela représente ½ Euro…
Et 3 cts de franc par m3, ce n’est rien, mais quand vous livrez 7,8 ou 10 millions de m3 par an, cela fait une
somme conséquente qui permet de rembourser une partie des emprunts. Merci aux maires de Calais,
Coulogne, Sangatte et Coquelles qui ont compris que la solidarité n’était pas qu’un mot. Comme quoi,
quand on dénonce une injustice, on est parfois écouté.
Comme dit un vieux proverbe :
« Dans notre société, il faut de la malice
Pour amener le gueux, au seuil de la justice. »
CEREMONIE DES VŒUX 1999
Nous essayons, depuis 3 ans de nous sortir d’un dossier insupportable, compliqué, kafkaïen : le dossier de la
zone d’activité de Guînes. Ce dossier entamé par Mr Warnault et son équipe, en 1990, n’a toujours pas avancé.
Et pourquoi ? Simplement parce qu’une citoyenne de la commune ne veut pas de cette zone, dans son
environnement proche. Et elle nous met au tribunal, perd à chaque fois, mais contre-attaque. Cela a duré 11 ans,
sans que l’on puisse avancer sur ce dossier pourtant primordial pour notre collectivité.
Comment peut-on imaginer qu’une commune avec un taux de chomage supérieur à la moyenne nationale,
une commune directement touchée par les fermetures d’entreprises dans le calaisis, une commune sinistrée
au niveau de l’emploi … Comment peut-on imaginer qu’une telle commune n’ait pas sa zone d’activités.
Cela, avouez-le, est impensable.
Et toutes mes colères et mes emportements n’y faisaient rien. Systématiquement, nous étions au tribunal.
A force de perdre et de guerre lasse, cette chère concitoyenne a cessé son harcèlement et vous pouvez voir
que notre zone, maintenant intercommunale, se remplit à vue d’œil. Comme quoi, la notion d’intérêt collectif
n’est pas comprise par tout le monde.
Comme dit un vieux proverbe :
« L’abnégation de l’homme se limite souvent
A la haie d’aubépines qui limite son champ. »
CEREMONIE DES VŒUX 2000
Une affaire qui a défrayé la chronique et fait les gros titres des journaux : Saint-Joseph village.
- C’est vrai, qu’un de nos concitoyens, passionné par les métiers d’art, a construit, dans son jardin,
un village complet, sans avoir les autorisations administratives !
- C’est vrai, que ce village était tellement bien fait que des gens venaient le visiter !
- C’est vrai que la mairie lui a dit : « Plutôt que de faire cela en cachette, faites donc un village ouvert au public ;
ce sera un équipement touristique majeur pour le Calaisis. »
- C’est vrai que ce village a été inauguré officiellement, en Août 97, par Madame la Ministre du touriste et que le
Préfet de l’époque a félicité cet artisan, trop entreprenant, pour la dynamique qu’il avait implantée à Guînes
et pour les emplois qu’il avait créés.
- Mais c’est aussi vrai, hélas, qu’un de nos concitoyens, pour des raisons absurdes, a porté plainte et que
nous n’avions pas eu le temps de tout régulariser.
Lorsqu’au tribunal de Boulogne, j’ai dû témoigner, j’ai dit : « Madame la présidente. Dans la Drôme, à Hauterives,
il y a eu le facteur Cheval ; Dans le Pas-de-Calais, à Guînes, il y a Monsieur Baclez ! En tant que maire, je ne peux
pas faire autrement que d’assumer.»
La justice, dans sa grande sagesse, a prescrit des amendes mais a permis que Saint-joseph ne soit pas
détruit, qu’on puisse régulariser les choses et que cet équipement devienne un outil touristique majeur
pour notre commune. Comme quoi, il faut savoir être à l’écoute de certains rêveurs passionnés.
Comme dit un vieux proverbe :
« L’utopiste a souvent des idées insensées
Mais c’est en l’écoutant qu’on se prend à rêver. »
CEREMONIE DES VŒUX 2001
Depuis quelques semaines, une rumeur court : Danone va fermer l’entreprise LU, à Calais, et notre commune
va être fortement touchée par cette fermeture, car de nombreux Guinois y travaillent.
- Comment un élu responsable, un élu engagé, ne peut-il pas être révolté par cette société qui a pour leitmotiv :
« Du profit, encore du profit, toujours plus de profit. »
- Comment ne pas être révolté quand on voit les dividendes des actionnaires qui augmentent et que, de notre
coté, ous sommes obligés d’imaginer une épicerie sociale pour aider ceux qui en ont besoin.
- Comment ne pas se sentir mal à l’aise quand on voit la sérénité confiante d’un banquier et l’angoisse
quotidienne d’un demandeur d’emploi.
En 2001, j’ai dit que chacun de nous était un petit Lu et je rajoute, aujourd’hui, que chacun de nous, dans le
calaisis, a un morceau de dentelle accroché au cœur, car là aussi, ça ne va pas bien.
D’avoir dit cela, d’avoir exprimé ma révolte, d’avoir critiqué la mondialisation et les délocalisations, ça n’a pas
changé les choses, certes, mais cela a montré, à tous ceux qui tombaient dans l’incertitude du lendemain, que nous
étions solidaires et que, même si notre pouvoir est limité, nous ferions tout pour essayer de trouver des solutions.
Comme quoi, même dans un pays où la devise est Liberté, Egalité, Fraternité, l’ultralibéralisme et la
mondialisation font peu de cas des hommes.
Comme dit un vieux proverbe :
« Quand une société méprise les humains,
C’est qu’elle oublie sa force et perd ses lendemains. »
CEREMONIE DES VOEUX 2002
Coup de gueule contre l’excès de réglementation, de contraintes et d’obligations/// Vous, qui n’êtes pas au fait
des affaires de la commune de Guînes, vous ne pouvez pas imaginer !
Voyez un peu :
- Il y a sur notre territoire une forêt domaniale, de 800 hectares, sur laquelle la mairie n’a aucun pouvoir,
car elle est gérée par un organisme d’état : l’ONF.
- Il y a un canal, qui n’est pas notre propriété puisqu’il dépend de Voies Navigables de France, même s’il ne
l’intéresse plus car ce canal n’est plus navigable.
-
- Il y a un marais de 500 hectares qui est
· En zone naturelle biotope
· En zone natura 2000
· En zone de préemption
· En zone de prévention pour les inondations.
- La ville est située sur un champ captant irremplaçable et on doit dépenser des millions d’Euros pour
protéger l’eau et nous n’avons pas le droit de laisser bâtir où l’on veut et certaines activités ou
industries sont interdites.Et figurez-vous, en plus, que notre commune est déclarée ville historique
et que, pour chaque projet de lotissement, on nous oblige à faire des fouilles archéologiques, qui
retardent les réalisations et coûtent un certain prix, pour ne pas dire un prix certain.
C’est tout juste si, à la mairie, nous ne brûlons pas des cierges en espérant que les services
archéologiques ne trouvent pas un tesson de bouteille.
Tout cela pour dire que : des lois, il en faut ; des réglementations, c’est nécessaire, mais que trop d’obligations légales freine la dynamique et a tendance à couper les envies de faire. Et encore, je ne
vous ai pas tout dit !
Et bien entendu, toutes ces obligations s’accumulent, s’additionnent et nous rendent la vie
intenable. Comme quoi, on peut rêver d’un gouvernement qui, quand il ferait une loi, en
supprimerait une autre
Comme dit un vieux proverbe :
« La loi et les décrets forgeront la nation,
Mais quand ils sont pléthore, ils cassent l’ambition. »
Je ne peux m’empêcher de dénoncer
- ceux qui critiquent sans arrêt et qui ne font rien
- ceux qui n’ont qu’un mot à la bouche : Ya qu’à… Faut que
- ceux qui sont incapables d’assumer des responsabilités et qui traînent dans la boue les autres qui ont eu
le courage de s’engager.
Et j’ai même ajouté : « L’ennui avec les imbéciles, c’est qu’ils ont tendance à le montrer. »
Et si j’ai dit cela, ce n’est pas parce que je me sentais attaqué… Moi, avec mes postes et mon expérience,
je commence à être blindé. Non, c’était pour prendre la défense de ces élus, adjoints ou conseillers
municipaux qui,
- Quotidiennement viennent défendre la notion de service public ;
- Qui sont debout, la nuit, quand il y a des inondations et qui se font engueuler ;
- Qui ne comptent pas leur temps, leur sueur et leur peine pour aider leurs concitoyens.
- Qui assument pleinement leurs rôles d’élus municipaux, sans intérêt personnel et sans arrièrepensée.
Marc vous a dit que j’avais amené une dynamique incontournable… C’est faux : j’ai donné un cap, j’ai prescrit
une stratégie et nous avons élaboré, ensemble, une méthode. C’est l’équipe entière qui a créé la dynamique
et qu’ils en soient remerciés.
Et permettez-moi d’y associer le personnel communal, avec ses grandes qualités et aussi ses petits défauts,
mais qui a toujours œuvré pour que le service public soit rendu, bien rendu et que chacun y trouve son compte.
La dynamique incontournable est une belle idée mais elle n’est possible que si tout le monde avance dans le
même sens. Alors il faut faire fi des ragots ou des divagations de café… L’important ce n’est pas d’être
félicité, même si ça fait plaisir ; l’important c’est que chaque soir, on puisse se dire : « J’ai fait ce qu’il fallait. »
Et malheureusement, dans notre société, tout le monde ne peut pas le dire. Comme quoi, chez beaucoup
de gens, la bassesse et l’égoïsme sont des tares génétiques, donc indélébiles.
Comme dit un vieux proverbe :
« La critique est facile, mais l’art est difficile ;
Mais le dénigrement est force d’imbécile. »
CEREMONIE DES VŒUX 2004
Depuis fin 2000, nous vivions dans la hantise des inondations. La CCTP s’était lancée dans l’opération ARARAT,
en plantant des haies, des bandes enherbées afin de ralentir et de retenir l’eau. Pour compléter ce dispositif,
nous avions pensé, dès la fin 2000, qu’il serait judicieux de mettre une pompe au marais, sur la rivière à Bouzats,
pour prendre l’eau du marais et la jeter dans le canal. Décision prise fin 2000 ; plan de financement bouclé en mai 2001…
Et en 2004, toujours pas de pompe !
Renseignement pris, j’apprends qu’il y a un avis négatif des services de l’Etat. Je me procure le rapport de ces
services et que vois-je ! Un tissu d’arguments dignes de vidéogag.
1er Argument : nous allons faire déborder le canal de Guînes…. Notre pompe du marais fera 1 m3 seconde…
L’institution interdépartementale des wateringues est en train de construire une autre pompe, à la Batelerie, à Calais,
de 8 m3 seconde. Si les gens font correctement leur travail, il n’y aura jamais de problème.
2ème argument : Les services de l’état subodorent que le maire de Guînes veut rendre des terrains constructibles…
Comment voulez-vous que je rende constructible des terrains en zone biotope, en zone natura 2000, en zone de
préemption et en zone de prévention des inondations…. C’est philosophiquement et administrativement impossible !
3ème argument : Le meilleur… Notre pompe risquait de tuer beaucoup d’anguilles…
J’espère que vous comprenez ma colère, mon énervement et mon coup de gueule. Un maire est responsable des
biens et des personnes, mais un maire n’est pas responsable de la sécurité et du bien être des anguilles.
Il ne faut pas pousser…
Suite à ma grosse colère, tout s’est arrangé. La pompe a été installée et les épisodes de cette année ont montré
que nous avions eu raison. Avec ce qu’il est tombé, durant les 5 derniers mois de cette année, le 2ème et le 3ème bancs
auraient dû être sous 10 centimètres d’eau, durant 2 mois. Et ce n’a pas été le cas. La pompe a marché et le marais
a été épargné !
S’il fallait faire un investissement judicieux, au marais, ce serait d’élever une statue à Sainte Pompe. Elle le mérite
bien. Comme quoi, quand on est sur le terrain, les pieds dans l’eau, on raisonne un peu mieux que certains autres.
Comme dit un vieux proverbe :
« Souvent les ronds de cuir n’ont pour seul horizon
Que la boucle dorée de leur beau ceinturon. »
CEREMONIE DES VŒUX 2005
En ce janvier 2005, je suis personnellement, comme beaucoup d’entre vous, traumatisé par l’effroyable catastrophe
du tsunami. Et au-delà des images que nous voyons à la télé, ce qui me révolte le plus, c’est de savoir ce qui va
se passer.
- On en parlera 15 jours, puis on mettra cela dans le coin des oubliettes pour s’intéresser à autre chose.
- Dans cette société hyper médiatisée, il faut que l’information aille vite, change et soit la plus variée possible.
- Nous sommes devenus des adeptes du zapping et tous les malheurs du monde ne restent, dans nos mémoires,
pas plus longtemps que le temps d’un reportage./// « Vite avalé, vite digéré, vite oublié. »
Et c’est pour éviter cela que je vous ai proposé l’opération : « Solidaires pour rebâtir ».
Presque toute la collectivité guinoise s’est mobilisée et même certains de la CCTP… Je dis presque, parce que,
bien entendu, dans ces cas là, les plus nantis refusent de donner. Mais heureusement, il fut unique en son genre.
La dynamique collective guinoise nous a permis de donner, en janvier 2006, un chèque de 24000 euros à
SOS village d’enfants.
Comme seul remerciement, j’ai demandé à avoir un autographe de Madame Anny Duperey, marraine de l’association.
Son petit mot est exposé dans une des vitrines de la mairie. Ce soir là, en 2006, je l’ai dit, j’étais fier d’être le
maire de cette commune. Comme quoi, on peut faire de belles choses avec un peu de volonté et avec beaucoup
de cœur.
Comme dit un vieux proverbe :
« Le malheur et la peine seront toujours vaincus
Par un simple regard et par la main tendue. »
CEREMONIE DES VŒUX 2006
Coup de gueule, mais très respectueux, sous la forme d’une lettre adressée au premier ministre. En effet,
notre premier ministre vient de faire une déclaration où il dit que les collectivités locales devraient être plus
raisonnables sur le plan financier. Mais nous sommes d’accord… sur le fond, nous approuvons cette
recommandation… Ce n’est jamais avec plaisir que nous augmentons les impôts… Encore faudrait-il que nous
puissions être raisonnables !
- Quand la décentralisation donne aux conseils généraux la responsabilité du RMI, du handicap, de toutes les routes,
du personnel dans les collèges et j’en passe, il faudrait, peut-être qu’on nous en donne les moyens….
- Quand la loi oblige une commune de 5000 habitants à protéger un champ captant, à avoir 20% de logements sociaux,
à faire systématiquement des fouilles archéologiques, à construire une aire d’accueil pour les gens du voyage,
alors que les gens du voyage ne viennent pas et ne viendront jamais à Guînes… Comment voulez-vous qu’une
commune soit raisonnable !
A Guînes, nous ne faisons pas de constructions pharaoniques et nous n’organisons pas de fêtes dignes du
roi Louis XIV. De toute façon, nous, c’est Henry VIII. Nous faisons ce qui est nécessaire… Nous faisons ce qui est
désiré par la population… Nous faisons ce qui est obligatoire de par la loi. Et ce qui est obligatoire, c’est bien plus
coûteux que ce qui est désiré…
Comme quoi, il est vrai que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Comme dit un vieux proverbe :
« Le maître des ballets prodigue des leçons
Mais oublie, bien souvent, de donner les chaussons. »
Voilà… J’ai fait le tour de 11 cérémonies de vœux… Avec des coups de gueule, des états d’âme et, vous l’avez
deviné, des vieux proverbes que j’ai entièrement inventés. Mais vous voyez qu’en évoquant le fonctionnement de
mes glandes surrénales et mes poussées d’adrénaline, j’ai pu survoler des sujets qui nous ont préoccupés et
des dossiers qui sont, encore, d’actualité : Le fonctionnement de la mairie, le champ captant, l’assainissement,
les inondations, la zone d’activité, la Communauté de Communes et les complexités administratives…
Certains pourraient croire que j’ai des têtes de turc, que je m’en prends toujours aux mêmes… Détrompez-vous…
Mais je ne peux m’empêcher de dénoncer, parce que c’est ma nature, parce c’est mon rôle, parce c’est mon pouvoir
et que je suis le porte- parole de toute une population. Et je dénonce :
- la technocratie tatillonne quand elle ralentit la dynamique,
- l’égoïsme de nos concitoyens quand il dessert l’intérêt public ;
- La puissance de l’argent quand elle oublie l’humain ;
- Et les déclarations politiques qui sont, complètement, déconnectées du terrain.
Et pour 2007, me direz-vous : « Pas de coup de gueule ? » Pas vraiment, car je l’ai déjà poussé… Début décembre,
dans la presse locale, au sujet du débordement du canal.
Si nous avons échappé à la grande catastrophe, en Août dernier, c’est bien parce que notre stratégie pour lutter
contre les inondations repose sur une série d’équipements et sur une chaîne décisionnelle très réactive. Cela a
été très efficace en Août et je tiens à remercier tout le monde… Mais un maillon de cette chaîne a été légèrement
défaillant en Décembre… Et je l’ai dénoncé. Comme j’ai dit en réunion à la sous-préfecture : « En tant qu’élu
responsable, je veux bien assumer les conneries que je fais, mais je n’assume pas les conneries des autres. »
Qu’on se le dise.
Certains doivent être étonnés de voir que ni Marc, ni moi, n’ayons évoqué les projets 2007. Nous ne le ferons pas…
Pas besoin de le dire… Il suffit de faire. Et ce qui sera fait, vous le verrez… Vous le voyez déjà : Des grues, des
bulldozers, des travaux dans les 4 coins de la commune… Sachez, simplement, que depuis 12 ans nous avons fait
un travail de fond ; maintenant nous allons nous occuper de la forme : Suppression des réseaux, réfection des
trottoirs et des rues, aménagements routiers, embellissement de la commune…
Comme dit un vieux proverbe :
« Après avoir soigné une méchante varicelle,
La demoiselle guinoise fit tout pour être belle ; »
Voilà, j’en ai terminé. Excusez-nous si nous avons été un peu longs mais il faut avoir, de temps en temps, le
courage de jeter un œil sur le passé et sur ce qui a été fait. Je dis bien le courage car un bilan n’est jamais
entièrement positif et ce qui n’a pas été fait ou ce qui n’a pas été réussi est, pour tous les élus,
source d’interrogations et d’ulcère à l’estomac.
L’année 2007 sera une année spéciale. Elections présidentielles, élections législatives… Beaucoup de remous,
beaucoup de discours, beaucoup de déclarations en perspective… Mais je vais vous étonner : la seule déclaration
importante de cette année 2007, c’est moi qui vais vous la faire, maintenant… Et pourtant, je ne suis pas candidat
à l’élection présidentielle. Et ce que j’ai vous dire est simple :
- Soyez heureux… Non pas à l’écoute des politiques, mais au sein, simplement, de votre famille !
- Soyez heureux… Non pas à l’évolution du CAC 40, mais grâce, simplement, à quelque chose qui ne sera jamais
coté en bourse, parce que c’est inestimable: l’amour de vos proches.
- Soyez heureux… Non pas à l’écoute des grandes intentions ou des promesses de telle ou telle personne, mais simplement
à la vue de ce merveilleux plaisir de vivre que peuvent vous montrer vos enfants ou vos petits enfants.
54 ans de vie, 20 ans de médecine et 13 ans de responsabilités politiques m’ont appris que le seul vrai bonheur,
c’est toujours cet instant intime que l’on partage, pleinement, avec les siens. Et cet instant là restera, à tout jamais,
ancré au fond de votre coeur.
Comme dit un vieux proverbe :
« A la fin de sa vie, le roi fit le bilan
De ce qui fit sa gloire et forgea son bonheur.
Mais il ne trouvât que le sourire d’un enfant,
L’amour de sa compagne et un parfum de fleur. »
Bref, je vous souhaite à toutes et à tous, une pluie d’amour qui amènerait une inondation de bonheur… Et pour cette inondation là, j’en suis certain, on n’aura jamais besoin de mettre en route les pompes du marais.
Hervé Poher