Il est, pour une collectivité ou un élu, une obligation, une tradition, voire un rite immuable qu'il est impossible de contourner : le 1er Mai, on se doit de parler de travail, de féliciter ceux qui ont travaillé longtemps et d'évoquer bien entendu la détresse de ceux qui n'ont pas ou n'ont plus de travail.
Je céderai bien volontiers à cette obligation, d'autant qu'il est bien souvent difficile de rappeler que l'action publique, que ce soit l'Etat ou collectivités, a toujours pour finalité, directement ou indirectement, l'activité économique, la dynamique locale ou nationale, donc immanquablement l'emploi.
Je tiens à réaffirmer cette notion essentielle car les politiques locales ne sont pas toujours bien comprises.
Quand une collectivité refait ses rues, ses trottoirs, son environnement, c'est bien entendu pour le bien être des habitants, mais c'est aussi pour rendre la ville plus attrayante donc pour y faire venir des gens, donc pour y faire travailler les commerces, donc pour y créer des emplois.
La création directe d'emplois ne dépend de nous que pour une infime partie. Par contre, nous pouvons, par notre image, par notre action, élus et habitants, créer les conditions pour que les emplois s'inventent, naturellement chez nous. C'est parfois un investissement à long terme, mais c'est un des fondements essentiels de l'action collective.
Permettez que j'évoque, maintenant, différents sujets se rapportant à l'emploi sur Guînes.
Chapitre 1 : Guînes et les emplois jeunes
Il y a cinq ans, le Gouvernement proposait aux collectivités et aux associations de se lancer dans la politique emploi jeune.
Le contrat de départ était clair : il fallait prendre un jeune, lui donner sa première chance, le former, voire lui faire passer des concours et surtout, imaginer le moyen de pérenniser.
En contre partie, l'Etat amenait une aide financière importante durant les cinq années.
A titre personnel, j'ai toujours considéré que les termes du contrat étaient clairs et sans ambiguïté : il y avait un engagement du jeune à apprendre, à se perfectionner et à être performant; et il y avait un engagement moral de la collectivité à pérenniser ces emplois.
Certaines collectivités ont déclaré : "le Gouvernement ne nous aide plus, on ne les garde pas !!".
Personnellement, en accord avec le Conseil Municipal et la Communauté de Communes, je refuse cette lâcheté. Contrat moral passé, contrat moral respecté !.
Depuis cinq ans, nous avons tout fait pour tenir nos engagements : l'Office du Tourisme, la Tour de l'Horloge, l'Intercommunalité, la réorganisation des services municipaux, la Maison de l'Enfant…autant de structures, de nouvelles activités qui ont crée des besoins. Donc de l'emploi.
Et si les choses ne marchent pas toujours comme souhaité, c'est à nous responsable de redresser la barre et de rappeler à ces jeunes qu'entrer dans la Fonction Publique Territoriale est une chance qu'on ne laisse pas passer. Mais, sincèrement, ils l'ont tous compris, et nous tiendrons nos engagements.
Chapitre 2 : Guînes et l'insertion
J'aurais même pu dire : "Guînes, capitale de l'insertion".
Imaginer, dans une commune de 5200 habitants, vous trouvez :
- Une association qui s'appelle OPUR qui fait les travaux environnementaux pour les communes, la Communauté de Communes des Trois-Pays et le Conseil Général.
- Une association, CIDE, que nous hébergeons et qui fait des travaux de couture.
- Une association, LYSE, que nous hébergeons aussi, qui s'occupe de lavage de linge.
- Une péniche, en chantier d'insertion, qui avant l'été, deviendra un cabaret-restaurant, géré par cinq personnes en difficulté.
- Et probablement, l'an prochain, sur un terrain situé au Marais, un parc floral mis en place par une autre association calaisienne.
Faire de l'insertion, ça n'a jamais été une obligation, mais c'est une volonté locale, car chacun, dans la vie doit avoir une ou plusieurs chances et c'est aussi le rôle des collectivités de tendre la main.
Chapitre 3 : Guînes, les CES et les CEC
Depuis huit ans, nous avons beaucoup travaillé avec des CES ou des CEC…Avec un taux important de reclassement, en particulier à la Ville de Guînes.
Mais dernièrement, nous avons eu une frayeur : en effet, le Gouvernement nous a averti qu'il avait l'intention de diminuer fortement le nombre de CES.
Personnellement, je pense que c'était une erreur, car lorsqu'on veut lutter, contre le chômage, contre la précarité et pour l'insertion, les collectivités locales sont des partenaires indispensables et efficaces.
Heureusement, le Gouvernement a changé d'avis. Le nombre de CES sera réaugmenté. C'est bien et c'est réaliste.
Chapitre 4 : Guînes et les emplois municipaux
Vous le savez, nous avons voulu réorganiser tous les services municipaux. Cette procédure, d'abord volontaire, a été légitimée par l'arrivée des 35 heures. Nous sommes arrivés au bout de la démarche.
Avec l'arrivée d'une nouvelle responsable des services administratifs et un nouveau chef aux ateliers, l'effectif de l'équipe dirigeante sera au complet.
Il y a un principe non obligatoire, mais souhaitable pour les communes de notre importance : dans le budget de fonctionnement la masse salariale ne doit pas dépasser 50 % du total, sinon l'investissement est difficile. A Guînes, nous tournons à 47 % et si on retire les aides à l'emploi, nous tombons à 42 %.
Cela nous donne un peu de marge, mais il est toujours prudent de garder une marge financière.
Chapitre 5 : Guînes et l'activité locale
Vous le savez, une commune ne peut pas aider directement une entreprise, un artisan ou un commerçant. Mais je vous l'ai dit, tout à l'heure, on peut créer les conditions propices à l'emploi :
- Quand on une fait une OPAH, on crée de l'activité
- Quand on incite à refaire les façades, on crée de l'activité
- Quand on améliore le cadre de vie, on crée de l'activité
- Quand on organise la Fête du Muguet ou les Fêtes du Camp du Drap d'Or, on crée de l'activité.
C'est cela, en partie, la dynamique incontournable pour laquelle je prêche depuis des années.
Tout ce qui est mouvement amène des activités; toute activité amène des richesses.
Ce serait bien plus simple de regarder la ville dormir, de gérer le petit quotidien, voire de ne rien faire. Mais nous n'avons pas été élus pour cela…du moins, je le pense.
Dernier chapitre : Guînes et sa zone d'activité
Je pensais pouvoir vous annoncer, aujourd'hui une formidable nouvelle. Mais elle sera je le pense, du moins je l'espère, simplement décalée.
En effet, après plusieurs années de discussion, d'explications et de négociation, nous devions avoir l'accord pour toucher 8% de l'après Duty-Free afin d'aménager la zone. 8% ce n'est pas rien; c'est 1, 2 Millions d'euro soit 8 Millions de francs.
Cette subvention exceptionnelle devrait nous permettre de commencer les travaux de viabilisation, de proposer des terrains à un prix raisonnable et de commercialiser l'ensemble, avant la fin d'année.
Si nous avons été retenus comme commune subventionnable, c'est grâce à la compréhension des services de l'Etat et à l'accord de Monsieur Jacky HENIN, Président de la Communauté d'Agglomération de Calais. Qu'ils en soient remerciés.
J'espère simplement, de tout cœur, que le dramatique processus de MétalEurope, ne mettra pas en cause les engagements de l'Etat.
Voilà, Mesdames et Messieurs, j'ai fait un tour d'horizon de l'emploi dans la commune.
Bien sûr des bruits courent, sur tel départ ou telle arrivée. Mais, tant que je n'en ai pas été averti officiellement, ce ne sont que des bruits…et comme on dit à Guînes "la langue des gens, c'est comme la queue des chiens; on ne peut pas l'empêcher de bouger !".
· J'aurais pu vous parler du problème des retraites mais très modestement, je dois avouer que je ne connais pas la solution miracle.
· J'aurais pu vous parler de la cohésion indispensable au sein de la Communauté de Communes et du futur pays de Calais, cohésion facteur de projet, de dynamique et d'emploi.
· J'aurais pu vous parler de cette passion que j'éprouve pour le service public et la méfiance que j'ai vis-à-vis du "tout libéralisme", mais chaque jour, depuis des années, l'actualité vous montre que le collectivisme ne marchait pas et que le tout libéral, ce n'est pas la panacée.
Comme toujours dans l'histoire, nos sociétés, après avoir été d'un excès à l'autre, trouveront le juste milieu, sachant que la doctrine générale ne doit pas être "plus de profit pour certains", mais bien "plus de bonheur pour tout le monde !".
C'est cela l'espoir d'un responsable; c'est cela le rêve d'un élu. Et un élu qui ne rêve pas, c'est une locomotive sans moteur.
Aujourd'hui, comme d'habitude, nous allons honorés celles et ceux qui ont travaillé de nombreuses années.
La décoration que vous allez recevoir est un témoignage de félicitation personnelle, de gratitude collective et indirectement le souhait sincère que ce que vous avez vécu, tous ceux qui vous sont chers, puisse le vivre aussi, travailler longtemps, et gagner correctement sa vie.
C'est ça aussi un des éléments de la dignité humaine…et être digne fait partie du minimum vital de tout à chacun. Cela me semble une évidence… Espérons qu'un jour, cette évidence s'impose à tous et en particulier à certains patrons voyous qui nous montrent régulièrement que le profit pèse parfois plus lourd que l'honneur. Mais que vous soyez grand ou petit, le sens des valeurs n'est pas le même…et nous le regrettons tous.
Merci à Vous.
Hervé Poher