Douai
Mesdames, Messieurs
Permettez-moi, tout d’abord de vous remercier pour cette preuve de confiance. Si je vous disais que je suis très étonné du résultat, vous pourriez me qualifier de « faux-jeton » et vous auriez toutes les raisons de sourire… De même, si je vous affirmais que nous n’avons absolument pas réfléchi et organisé le déroulement de cette réunion, je serais, sans aucun doute, au summum de l’hypocrisie et vous auriez toutes les raisons d’être perplexes au sujet de mon état mental…
Non, Mesdames et Messieurs. Vous connaissez les règles du jeu et si nous voulons travailler en toute confiance, il faut savoir appliquer, dans nos relations, de la clarté surtout dans les recoins qui vous semblent un peu obscurs. De même, et je dis cela pour les nouveaux, n’imaginez pas plus qu’il ne faut ; ne vous trompez pas de lieu ou d’instance et
n’allez pas instaurer du combat quand il n’y a que liberté de parole,
n’allez pas imaginer du complot quand il n’y a que besoin de compréhension
et n’allez pas voir de la polémique quand il n’y a qu’une volonté d’explication.
Aussi, permettez-moi, pour éviter tout malentendu, de vous apporter quelques précisions.
Si je suis élu président du Comité de Bassin, ce n’est pas parce que je suis un spécialiste de l’eau et un expert en technique ou en technicité… Ma seule vraie spécialité, c’est la culture du cactus, à la maison ou en politique, et en technique, sincèrement, je n’y connais strictement rien.
Si je suis élu président du Comité de Bassin, ce n’est pas parce que je suis un adepte de la nouvelle gouvernance, tout en étant un expert du fonctionnement administratif… Je suis, modestement, un élu du suffrage universel et en administratif, je n’y connais rien et, franchement, ça ne m’intéresse pas.
Non, mesdames et Messieurs, soyons clairs, francs et pragmatiques et je crois utile de préciser les 3 points essentiels:
1er point : Si je vous ai proposé d’être, encore une fois, président du Comité de Bassin, c’est simplement parce que j’ai, de par mon histoire personnelle, une certaine légitimité qui n’est pas absolue mais qui a le mérite d’être multi facettes : Sans être expert, je l’ai dit, je sais ce qu’est un champ captant… je sais ce qu’est un watergang ou un hortillonnage… Je sais ce qu’est une inondation… Dans tous ces domaines là, j’ai beaucoup donné. De plus, je suis représentant d’un grand département riche en eau, riche en agriculture et riche en volonté et en bonnes intentions … Alors, ne voyez en moi que le symbole d’un élu citoyen, qui pourrait être aussi de la Somme, de l’Oise ou du Nord… Et qui comme tous les élus, comme tous les citoyens responsables veut faire pour un bien.
2ème point : Dans un Comité de Bassin, il n’y a pas d’enjeu de pouvoir. Le véritable pouvoir décisionnel est au sein du Conseil d’Administration et de ses commissions, sous la haute autorité bienveillante de Monsieur le Préfet de Région et sous l’œil vigilant et quelquefois inquisiteur, du directeur de l’Agence.
Un comité de Bassin, c’est un lieu de concertation, d’échange, éventuellement de friction, mais c’est surtout un lieu exceptionnel car c’est une des rares assemblées où l’objectif est unique, unitaire, unificateur et universel… Il ne peut pas en être autrement. Car quels que soient nos opinions, nos pôles d’intérêt, nos professions ou nos fonctions, nous ne pouvons pas faire autrement que d’être en accord sur l’objectif final : retrouver une eau aussi pure que lors de la Genèse… Et nos seules différences, nuances et sujets de discussion seront, vous le savez bien :
Comment aller vers cet objectif ?
A quelle allure va-t-on vers cet objectif ?
Quels moyens utiliser pour atteindre cet objectif ?
3ème point : Ce matin et cet après-midi vont être mis en place le Conseil d’Administration et diverses commissions. Ce sont les vraies instances décisionnelles de l’Agence, mais le Comité de Bassin doit être et sera le gardien de la philosophie, le gardien de l’utopie et l’endroit où l’on rappelle quelle est notre seule ambition collective. Bref, vous l’avez compris, le Président du Comité de Bassin ne sera que le gardien du temple. Et ce n’est pas, pour un utopique comme moi, le rôle le plus désagréable.
Voilà les quelques points que je tenais à rappeler pour que nous puissions travailler en toute confiance et avec le maximum d’efficacité. Et vous le verrez, un Comité de Bassin, c’est une savante alchimie pour obtenir un équilibre entre les options de chacun, les opinions de chacun et les préoccupations de chacun… Tout cela en avançant. Bien sûr, quand on est polarisé sur le maintien de l’équilibre, on avance peut-être moins vite, mais le principal, c’est de ne pas tomber et d’avancer quand même.
Et pour terminer, permettez-moi d’anticiper les critiques de certains de mes amis, ici présents. En effet, en 2005, j’avais affirmé qu’un président de Comité de bassin devait être un apôtre de l’eau… Aujourd’hui, j’ai évoqué la Genèse et j’ai dit que je serai le gardien du temple… Je tiens à vous rassurer : mes références ne sont pas toujours religieuses et je fais plus souvent appel à mon bréviaire médical qu’à la bible ou aux évangiles. De plus, je tiens à préciser que le fait de passer du statut d’apôtre de l’eau à celui de gardien du temple ne veut pas dire que j’ai attrapé la grosse tête…
Mesdames et Messieurs. Encore une fois merci de votre confiance et le gardien du temple que je suis vous demande, très humblement, d’être tous, à votre niveau, des apôtres de l’eau.
/ Hervé Poher