Chers camarades.
Un soir de Mars 94, exactement le 21 mars 1994, nous étions, moi et quelques uns, en réunion à Béthune. Le gros sujet de la discussion était : l’analyse des résultats du premier tour des cantonales. A la fin de cette réunion, et c’est une habitude, nous faisons un repas socialiste. Et un repas, chez les socialistes, c’est un sandwich avec une bière ou un verre de vin.
Et nous étions à 4 : Dominique Dupilet, Daniel Percheron, Roland Huguet et moi-même. Et Daniel Percheron m’a regardé en disant : « Toubib, tu penses pouvoir gagner le canton ? ». J’ai répondu : « J’ai des chances. » Et Dominique a ajouté : « Il va gagner ! »
Alors, Daniel m’a regardé… dubitatif… Alors que Roland, un verre à la main, un morceau de sandwich dans la bouche, fait une grimace, nous faisant comprendre qu’il avait des doutes et que j’étais un peu jeune et un peu « zigoto »… Il le pense encore ! Et nous avons gagné ! Ce qu’ils ne savaient, nos grands chefs, c’est que le PS à Guînes, avait changé, s’était préparé et s’était adapté. Adapté en intégrant, dans sa philosophie quelques points essentiels. Laissez-moi vous les rappeler.
Il y a 2 façons de concevoir le combat politique : la façon « Intégrité » ou la façon « Pragmatisme ».
La façon « Intégrité », c’est de dire : « Peu importe de gagner, l’important, c’est d’être dans la vérité. » C'est-à-dire, qu’on reste pur et dur et qu’on va au combat, la tête haute. On perd bien souvent, mais on perd avec panache ! C’est une méthode que j’aime bien,que la famille Poher aime bien, que les militants aiment bien… Mais, il faut l’avouer, méthode qui n’est pas toujours efficace.
L’autre méthode, le pragmatisme, c’est de dire : « Tu as beau avoir les plus belles idées du monde, tu as beau vouloir changer le monde, tu as beau vouloir le bonheur de l’homme… Si tu n’as pas le pouvoir, cela ne sert à rien ! ». Il faut donc s’adapter à notre monde, à notre société, à notre électorat… Alors, là, tu gagnes et là, tu peux appliquer tes idées.
C’est ce que nous avons fait à Guînes et c’est pourquoi, nous avons gagné. Personne ne nous fera croire qu’il y a 60% de socialistes dans le canton et 75% de socialistes à Guînes.
C’est pourquoi nous avons gagné… Et c’est pourquoi, Jacques Delors nous a dit non ! Le Parti Socialiste n’a pas su choisir sa voie. Il y a des moments, il faut savoir choisir. Il faut savoir se poser les bonnes questions :
« Comment créer un courant social-démocrate sur les ruines d’un programme commun ? »
« Comment créer un grand élan présidentiel, en ayant en arrières pensées, les futures municipales ? »
Non, vous le savez bien, mes chers camarades. Le PS a fait une erreur de stratègie. Je le dis sans colère ni regrets. Cela prouve, simplement, que le PS est, actuellement, mal dans sa peau.
Alors, quel est l’avenir du PS et de ses militants ? A mon avis, ce sera comme une passion amoureuse : avec des hauts et des bas ; avec des périodes affectueuses et des périodes où on se tourne le dos… Avec des phases charnelles, intenses… Mais, après, la nature reprend ses droits et nous sommes fatigués…. Les étreintes ont souvent une fin sauf si on est un surhomme ou si on utilise un godemichet. Je ne pense pas qu’il y ait des surhommes au Ps et je ne vois pas nos dirigeants fréquenter les sex-shops pour acheter des godemichets.
Pour l’avenir, j’ai confiance. Nous allons gagner… Non pas grâce aux apparatchiks parisiens qui ne connaissent et ne comprennent rien… Non grâce aux militants qui en veulent, qui sont dévoués et parce que, à la base, nous avons de bons chefs… Et je me dois de citer 2 d’entre eux :
- Daniel Percheron, caractère de cochon, mais grand chef
- Dominique Dupilet, caractère de cochon, mais toujours de bon conseil.
Je voudrais terminer en m’adressant au militants guinois.
Mes chers gueulards guinois ! Pendant des années, je vous ai fait distribuer des tracts avec, en entête, toujours la même phrase : « Le progrès n’est que l’accomplissement des utopies. » J’assume et je suis toujours d’accord… Mais je rajoute : « Mais pour accomplir les utopies, il faut d’abord gagner le pouvoir…. » Alors, on y va !
Hervé Poher