Cher(e) camarade.
Lors de la réunion de section du 29 mai 1992, vous m’avez demandé, à l’unanimité, de présenter ma candidature au poste de député suppléant pour la 6ème circonscription, afin de seconder notre député Dominique Dupilet.
Il est bon d’analyser les avantages et les inconvénients d’une telle candidature.
Avantage : Nous avons perdu les élections municipales, en 1989, parce qu’en face de nous, il y avait un monument, un chêne qui s’appelle Paul Warnault, actuel maire de Guînes. De même, au niveau du canton, nous nous opposons à une autre personnalité de forte envergure, Maitre Henri Collette, maire de Licques, sénateur et conseiller général. Or, je vous l’ai souvent répété, on n’abat pas des chênes avec des canifs…
Le seul moyen de prendre le canton et, un an plus tard, de prendre la mairie, c’est de créer localement une personnalité capable de rivaliser avec ces 2 notables locaux. C’est ce que nous essayons de faire depuis maintenant 3 ans : en occupant le terrain, en ayant doublé les effectifs de la section de Guînes, en ayant fait une campagne régionale exemplaire, permettant de faire 40% à Guînes et 28% dans le canton. Nous sommes en train de créer un contre pouvoir dans ce canton.
Il est évident qu’un titre de député suppléant serait un plus dans la future bataille cantonale. Ce titre, car n’oublions pas que ce n’est qu’un titre et non une fonction, est un atout de plus pour nous, mais il n’est pas indispensable.
Examinons maintenant les inconvénients de ma candidature :
Premier inconvénient : La partie calaisienne du canton de Calais Nord-Ouest possède, à elle seule, plus d’inscrits que le canton de Guînes dans son ensemble. Il est donc logique de prendre, comme député suppléant, un militant calaisien.
Deuxième inconvénient : Il n’est pas raisonnable de mettre en péril le réélection de Dominique Dupilet, au profit d’une éventuelle conquête du canton de Guînes.
Troisième inconvénient : Ma présence sur les listes régionales a déclenché, comme vous avez pu le constater, les passions, les petites phrases et les coups bas. Le monde politique est ainsi fait : pas de cadeaux surtout si on monte trop vite. Or la section de Guînes a fait un parcours sans fautes depuis 3 ans. Il faut continuer sur le même chemin. Nous avons un passé clair et net, sans compromission, ni trahison. La seule chose qui nous réunit, c’est le PS et notre dévouement à Dominique Dupilet, même si ce dévouement est, parfois, trop exubérant à son goût.
Pour toutes ces raisons, j’ai décidé, de mon propre chef :
- De ne pas poser ma candidature au poste de suppléant, notre seul but étant, actuellement, que Dominique soit réélu largement
- Le 19 juin, vous allez devoir voter. Je demande que tous les militants de la section de Guînes votent pour Maurice Fleuet. Maurice est le seul candidat remplissant toutes les conditions nécessaires pour assumer le poste de suppléant. De plus, je vous rappelle qu’il existe dans l’histoire de la section de Guînes, un lourd contentieux entre les socialistes calaisiens et les socialistes guinois. Or Maurice a toujours été honnête avec nous ; c’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes allés l’aider dans sa campagne sur le canton de Calais Nord-Ouest.
- A titre personnel, il ne me déplait pas de « ne pas me présenter comme suppléant ». Cela donne une certaine idée du désintéressement, une certaine idée de ce qui est bien pour le parti. De plus, pour la section de Guînes, cela donne une certaine image du panache, faisant taire ainsi les mesquineries et les emportements que mon éventuelle candidature avait déjà entrainés.
On nous traite de dupiletistes, d’anarcho-socialistes, plus ou moins embourgeoisés ; maintenant, on pourra dire que les guinois ont le sens des réalités et de l’abnégation.
Hervé Poher