LIEVIN: Conseil Fédéral du PS
Mes chers camarades
Catherine. Tu as dis que l’élaboration de cette liste avait été un vrai casse-tête. Je suis désolé de te donner des migraines mais, maintenant, il y a de bons traitements contre cela.
Je voulais simplement vous expliquer, à vous tous, mes chers camarades, pourquoi j’ai déposé ma candidature, pourquoi ai-je fais cela ? Qu’allais-je faire dans cette galère ?... Et je me suis même posé la question.
Si j’ai déposé ma candidature, ce n’est pas contre quelqu’un, mais pour quelque chose. Et ce n’est pas contre Daniel Percheron et Michel Sergent. J’ai trop de fidélité, d’amitié et de respect pour vous. Et toi, Michel, un peu plus encore car je n’oublierai jamais ce jour de 1996, où je me suis trouvé presque seul pour défendre un dossier d’intercommunalité. J’en ai pris plein la tête et mes camarades socialistes étaient fort peu nombreux pour m'aider. Il y avait toi, Jean-Claude et encore un autre… J’avoue que j’ai une dette envers toi.
Mais si j’ai posé ma candidature, c’est que je ne pouvais pas faire autrement. Et cela pour plusieurs raisons.
Tout d’abord : J’aimerais bien faire mentir l’histoire.
Suppléant de Dominique DUPILET en 1997, redésigné par les militants en 2001, j’aurais dû normalement lui succéder. C’était la logique. Mais la logique s’est arrêtée le mardi 16 avril 2002, à 11h20, rue de Solferino, quand j’ai dit à François Hollande « OK pour aider Jack Lang, à s’implanter dans le Pas-de-Calais ». Mais, vous le savez, le calcul était bon : au mois d’avril, tout le monde était persuadé que Lionel Jospin allait être président de la République. Lionel président ; Jack ministre ; Hervé député.
Patatra ! Vous savez ce qui est arrivé. Je me suis dit : « Le parti ne m’oubliera pas et, à l’extrême, j’attendrai cinq ans. ». En 2007, on m’a fait comprendre que Jack devait rester. « C’est pas grave, le parti pensera à moi et j’attendrai encore 5 ans. C’est bon pour 2012.»
Patatra ! Redécoupage électoral ! La 3ème disparait ; la 6ème est redécoupée. Jean-Claude Leroy n’a plus de circonscription… Inutile de vous dire que nous avons eu des états d’âme, que les questions se sont posées mais moralement, affectivement et intellectuellement, je n’avais pas le choix : Jean-Claude peut se présenter dans la 6ème ; et si Jean-Claude se présente, moi, je dois me retirer. Je n’ai pas le choix, c’est une question d’honneur.
Voilà pourquoi je dis que je voulais faire mentir l’histoire. Je ne vais pas rester toujours à coté du train. J’ai aussi le droit à un destin. Et puisque je ne peux pas être député, autant être sénateur.
Autre raison. J’ai été 12 ans maire et je pense ne pas avoir été un mauvais maire. Pourquoi 12 ans ? Parce qu’en 95, j’avais promis de ne faire que 2 mandats. J’ai tenu parole et j’ai installé mon successeur.
J’ai créé et je suis président d’une communauté de communes qui est un peu spéciale car c’est surtout un beau laboratoire d’idées et d’expériences. Nous y avons créé plein de choses. Mes collègues du Conseil Général ne me diront pas le contraire.
Je suis VP du Conseil Général et j’ai la faiblesse de croire que je fais bien mon travail, même si ma façon de faire énerve certains.
Et enfin, je suis président du comité de bassin de l’agence de l’eau et je vous rappelle que j’ai été le premier président de gauche d’un comité de bassin en France.
Tout cela pour dire que j’ai une certaine expérience du fonctionnement des collectivités et des grands dossiers, expérience que je pourrais mettre au service du PS et valoriser au Sénat.
Autre raison et permettez-moi de taquiner notre parti. Car je sais lire. On parle de renouvellement, de laisser la place aux autres… En me présentant, je vous propose de renouveler les sénateurs… et ainsi je libérerais un poste d’adjoint au maire, puisque le poste de maire je l’ai déjà donné, un poste de président de CC, un poste au CG et même de VP, un poste de suppléant député, voire de candidat titulaire et même un poste de président du comité de bassin de l’agence de l’eau. Je ne peux pas faire plus !
Dernière raison, pour détendre l’atmosphère. Cela fait 20 ans que je fais de la politique et cela fait 20 ans qu’on m’appelle Alain Poher… Quitte à avoir le prénom, j’aimerais bien en avoir le titre.
Voilà pourquoi j’ai déposé ma candidature… Car je ne pouvais pas faire autrement !
Avec un handicap que je veux bien avouer: Intellectuellement, je suis souple comme une barre de fer…
C'est-à-dire que vous ne me ferez pas dire que c’est rose si c’est bleu, que j’ai tort si je suis sûr d’avoir raison et comme en plus, je suis provocateur et foncièrement indiscipliné, sachez que, systématiquement, si on m’ordonne de voter Durand, je voterai Dupont !
Ce qui veut dire que je me suis fait, dans cette fédération et dans ce département, un certain nombre d’inimitiés que j’assume entièrement.
Voilà ce que je voulais vous dire. Et je terminerais par 2 derniers points.
J’ai appris, il y a une heure, que je serai 5ème sur la liste. Mais ce n’est pas 5ème que je voulais être, c’est premier… Je dis cela pour rire, bien entendu ! Plus sérieusement. Je prends cela comme une marque de confiance et un honneur. Mais je serai franc et clair avec vous. Je mets cette place à disposition du parti… Catherine, si cela peut arranger les choses, effacer certaines rancœurs ou si Michel change d’avis… Je ne serai pas vexé.
Par contre, je tiens à te prévenir Catherine et vous tous, membres du conseil fédéral. Nous allons valider la liste le 2 décembre : le 2 décembre, c’est l’anniversaire du couronnement de Napoléon 1er, l’anniversaire d’Austerlitz et l’anniversaire du coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte… Alors le 2 décembre 2010, ce sera aussi le coup d’état d’Hervé Poher: car ce soir là, quand je serai sûr que Jean-Claude Leroy va être sénateur, j’annoncerai que le candidat dans la 6ème, c’est moi… Parité ou non, parti ou non ! Je serai candidat en 2012. Je ne sais pas si je serai élu mais au moins, j’aurais été jusqu’au bout de mon chemin.
Hervé Poher