Arras, Assemblée plénière.
Question : « Place du développement durable au sein des contrats de deuxième génération ?»
Mon cher collègue.
Je crois savoir que vous présidez, avec beaucoup de conviction la 6ème commission. Et vous devez ressentir, comme moi, la « non évidence », voire les quelques difficultés à concrétiser certaines choses.
Rappelons d’abord quelle était la commande du président, commande validée par notre assemblée.
« Aller vers une attitude de développement durable, démarche formalisée dans le Plan Stratégique Départemental, avec pour outil 62 mesures composant un Agenda 21 départemental. »
« Cette démarche vertueuse ayant reformaté la philosophie de notre Conseil Général, on essaye de convertir, d’imbiber ou de contaminer, comme vous voulez, tous nos partenaires, c'est-à-dire, les collectivités locales, pour créer un effet d’entrainement et un effet de masse. Et pour cela, on se sert de la contractualisation. »
Le scénario était clair, l’ambition était légitime et les volontés départementales étaient affichées.
C’était sans compter sur la force des habitudes, la puissance des reflexes ancestraux, la dictature de la comptabilité et la lenteur administrative pour bouger ou, pire, pour créer des choses.
Je vous rassure. Vous pourriez croire qu’après ce que je viens de dire, mon propos sera apocalyptique, s’enfonçant dans une sinistrose quasi rituelle. Ce ne sera pas le cas… Parce que les choses sont en train de changer.
« Forces des habitudes » : C’est vrai que la vieille dame qui s’appelle Conseil Général a eu du mal et a encore du mal, comme les collectivités d’ailleurs, à faire sa révolution culturelle. Et c’est presque normal, mais conséquence : comment voulez-vous demander des efforts à quelqu’un quand, vous-même, n’êtes pas totalement exemplaire. Et de la part de nos partenaires, un tacle du type « Grand diseux, petit faiseux » nous menace en permanence.
« Puissance des réflexes ancestraux » qui fait que beaucoup de communes et d’EPCI voient encore le CG, uniquement, comme une boite à sous. Passer d’une politique de guichet à une politique de projet élaboré en concertation, avec certains critères incontournables, ce n’est pas encore une évidence.
« La dictature de la comptabilité ». Simplement parce que pour nous, comme pour les EPCI, la réforme des collectivités et des finances locales a refroidi les ardeurs. Qui dit refroidissement, dit tendance à la frilosité.
Et enfin, « Lenteur administrative pour changer ou créer les choses » D’autant plus gênante qu’après avoir voté notre Agenda 21, nous nous sommes aperçus qu’il nous manquait des documents de référence et, surtout, qu’il nous manquait quelques outils. Il fallait donc innover et créer. Mais c’est un petit défaut de notre système français : Quand on veut créer, c’est doucement le matin et pas trop vite le soir. Avec l’argument suprême qui freine l’expérimentation et l’innovation : « Pas possible ! Pour ça, il n’y a pas de ligne budgétaire ! »
Mais je vous l’ai dit : les choses changent parce que les erreurs des premiers contrats ont servi de leçons et, avec le temps et la persévérance, les esprits évoluent et les lignes bougent. Laissez-moi vous citer en vrac quelques dossiers qui mobilisent le CG et qui impactent ou impacteront sur la démarche de contractualisation :
· Le schéma de la mobilité en train de se formater, de s’affiner et en train de devenir pragmatique et il sera en prise directe avec les EPCI.
· Le manger bio et autrement, qui s’inscrit dans nos collèges.
· La démarche d’insertion, pour nous, pour les communes et pour beaucoup de nos partenaires, dont les EPCI.
· Le plan abeille qui est en train de se généraliser avec les collectivités locales après avoir été initié par le Conseil Général.
· Le schéma de traitement des ordures ménagères qui a été retardé du fait du législateur mais qui a été élaboré avec les collectivités.
· Le schéma des ressources en eau qui sera un document essentiel dans le cadre de l’aménagement du territoire.
· Une Opération Grand Site qui est, nationalement reconnue comme exemplaire.
· Notre participation au Plan Climat Régional qui devra être traduit dans les contrats.
· Notre engagement sur le canal Seine nord.
· Une politique environnementale volontariste et partenariale avec les gens de bonne volonté.
· Et ces outils que nous allons bientôt mettre en place, outil pour nous et pour les collectivités locales : le Plan Boisement, la Protection Agricole et des Espaces Naturels Périurbains, outils qui permettront d’aller encore plus loin dans le maintien de l’agriculture, la lutte contre les inondations, la protection des champs captants, la préservation des zones humides, la réhabilitation des paysages et la mise en place de la trame Verte et Bleue.
J’arrête là mais je pourrais continuer et en résumé, mon cher collègue.
· Les instruments qui nous manquaient, nous sommes en train de les créer.
· Les réflexes, nous sommes en train de les faire changer.
· Les maladresses, validées dans les premiers contrats sont en train d’être digérées.
Ce qui n’empêche qu’il faut, maintenant, être encore plus vigilent qu’avant car le retour au conservatisme et à l’inertie est une tendance naturelle pour beaucoup des décideurs que nous sommes… Et je me mets dans le lot. Mais, rassurez vous, l’obstination et l’entêtement font partie des références et des compétences pleines et entières des conseillers généraux.
Hervé Poher