Séance plénière du Conseil Général/ Hervé Poher
Dans la continuité de la délibération précédente, puisque je me suis permis de vous rappeler que notre département était un lieu de passage et d’histoire, pour ne pas dire un lieu de passage donc d’histoire, nous vous proposons de valider et d’inscrire au PDIPR (Plan Départemental d’Itinéraires de Promenade et de Randonnées) la 7ème tranche comprenant trois points : Tout d’abord l’itinéraire de Grande Randonnée dénommé Via Francigena, ensuite un complément du GR appelé « Les Tours du Bassin Minier », enfin de petites modifications concernant le Gr 121.
Pour finir cette matinée de travail, permettez-moi d’être un peu plus long sur la Via Francigena.
La Via Francigéna, chemin de randonnée que nous vous demandons d’officialiser, correspond au trajet qu’empruntaient, il y a quelques siècles, les pèlerins allant de Canterbury jusque Rome.
Dans les documents qui vous ont été communiqués, vous pouvez lire quelques rappels historiques, avec des références à
- la « Route de Rome » (et non pas la route du rhum), route créée par Jules César,
- la voie « Francisca » ou le « Chemin des Anglois » dans le royaume des francs,
- puis la « Via Francigena », voie empruntée par les marchands, les hommes d’église, les régnants et les pèlerins. Vous vous doutez bien qu’au fil des siècles, le trajet de cette Via Francigena a été plus ou moins modifiée et a subi quelques variantes.
Mais la seule trace écrite qui sert maintenant de référence officielle est le journal de Sigéric, archevêque de Cantorbéry qui est allé jusqu’à Rome, en 990 après JC, pour y rencontrer le pape. De ce carnet de voyage sont tirés 80 lieux d’étapes qui sont les sites incontournables de la Via Francigena, sachant qu’à chaque étape, Sigéric et ses gens faisaient entre 20 et 25 kilomètres, allant d’abbaye en église et d’église en abbaye.
Officiellement, la Via Francigena fait, dans sa totalité, environ 1700 kilomètres, partant du Kent, traversant la France, la Suisse, l’Italie et se terminant à Rome.
Pour notre département, le projet de tracé a été réalisé par le Comité Département de Randonnée pédestre, le Parc Naturel des Caps et Marais d’Opale et la Communauté de Communes Artois-Lys. Il est long de 242 kilomètres et passe sur le territoire de 86 communes.
Bien entendu, il n’a pas été possible de suivre exactement la route de Sigèric, l’aménagement du territoire ayant quelque peu, durant les 10 siècles passés, modifié l’environnement. De plus, à certains endroits, pour des raisons pratiques ou par absence d’autorisation, le chemin a dû être dévié. Mais le tracé de la voie Francigena essaye de coller au plus près du tracé historique.
Initialement, la Via Francigena devait commencer à Wissant. En effet, il a été démontré par les historiens et les archéologues que pour traverser le détroit, les pèlerins embarquaient sur la côte anglaise et se laissaient dériver jusque la côte française. Et le jeu des vents, des marées et des courants faisaient qu’ils arrivaient bien souvent entre Calais et Boulogne, et particulièrement dans la baie de Wissant. Mais la dérive n’étant plus une pratique à la mode, le tracé a été rallongé jusque Calais afin que les « anglois » qui veulent se transformer en pèlerins puissent emprunter, en toute sécurité, le car-ferry.
De Wissant, le chemin emprunte naturellement les hauteurs, c’est à dire les premiers contreforts des monts d’Artois et de l’arrière pays boulonnais. C’est logique puisque je vous rappelle qu’une grande partie de la Flandre était encore sous l’eau ou occupée par les marécages.
Guînes, Licques, Vallée de la Hem jusque Tournehem ; puis descente vers l’Audomarois et le pays de Lumbres en passant par Wisques, Esquerdes pour arriver à Thérouanne ; on longe ensuite la chaussée Brunehaut ; direction Auchel, Marles-les-Mines, Bruay la Buissière, Mesnil les Ruitz, Ablain-Saint-Nazaire. Puis on arrive au mont Saint-Eloi et on rejoint Arras. Au sud d’Arras, on longe l’axe Arras-Bapaume (17) et de Bapaume, on rejoint Rocquigny et la limite du département
Quels en sont les intérêts d’une telle démarche :
Tout d’abord offrir aux randonneurs un parcours historique qui peut être fait en plusieurs étapes. Je tiens à vous signaler que la via Francigena était connue bien avant le chemin de Saint-Jacques de Compostelle et que les pèlerins, les randonneurs ou les randonneurs pèlerins sont déjà très nombreux.
Autre intérêt : Offrir à tous un itinéraire qui permet de contempler différents paysages de notre département : la côte d’Opale, les monts du boulonnais, les marais, les coteaux calcaires, la ruralité autour de la chaussée Brunehaut, le pays du charbon jouxtant le pays d’Artois pour finir dans un territoire hautement marqué par les guerres. Bref, toute cette diversité et cette richesse qui caractérisent notre département.
Voilà pour le premier point.
Second point. Nous vous demandons de valider les délibérations de 8 communes du bassin minier, complétant ainsi le GR de pays du bassin minier, Gr dénommé « GRP des Tours du Bassin Minier », avec quelques modifications sur la commune de Lapugnoy. Ce Gr avait déjà été inscrit au PDIPR, mais 8 délibérations nous manquaient.
Dernier point, nous vous demandons d’accepter quelques modifications du GR 121 sur les communes d’Oisy-le-Verger et de Palluel.
Voilà énoncé les trois points de la délibération et le résumé de démarche de validation de cette voie Francigena et je ne peux, Mesdames et Messieurs, que vous encourager à vous transformer en pèlerin. C’est bon pour la santé physique et psychique et je vous rappelle que la randonnée fait partie de notre Agenda 21. Et il serait donc très opportun que les élus montrent l’exemple.
Je vous remercie de votre attention.
Hervé Poher