Une armée de copains…
Conte pour Margaux
Une nuit, au beau milieu du bois de Paiolive…
« Ah non, Cornebleu de cornebleu ! C’est intolérable ! Je n’en peux plus ! Je ne supporte pas qu’on me réveille ainsi… »
Alfred le hérisson était très en colère. Il devait dormir tout l’hiver et il venait juste de se cacher dans sa tanière, tanière de luxe avec salle à manger, petit salon et même une salle de bain. Car Alfred devait se laver souvent : il avait plein de puces.
« Cornebleu ! C’est insupportable ! Et je déteste être réveillé ! ». Et ce qui avait réveillé Alfred, c’était une petite fille qui pleurait, assise juste devant l’entrée de la tanière. Alfred, n’écoutant que son courage, dressa ses piquants et sortit en criant : « Oh là !! Cornebleu ! Qu’est-ce-que c’est que ce vacarme ? Moi, je dois dormir ! Et ce n’est pas une petite fille qui va m’en empêcher ! Et moi, quand je suis en colère, je pique. »
« Excusez-moi monsieur le hérisson, répondit la petite fille. Je m’appelle Margaux ; j’ai beaucoup de chagrin et j’ai un peu peur… Je me suis perdue dans le bois et je ne sais plus où sont mes parents. »
« Cornebleu, tu t’es perdue ! Mais comment as-tu fait pour te perdre ? »
La petite fille baissa la tête. « J’ai désobéi à mes parents… Ils m’avaient dit de rester bien derrière eux pendant la marche mais j’ai voulu attraper un papillon. Alors j’ai couru et quand je me suis retournée, je ne voyais plus mon papa et ma maman. Alors, maintenant, il fait noir ; je ne sais pas où aller ; j’ai un peu froid et j’ai un peu peur. »
Alfred le hérisson fit une grimace, se gratta la tête avec un piquant et s’assit sur son petit derrière.
« Cornebleu, arrête de pleurer, petite Margaux. Nous allons essayer de résoudre ton problème. Et d’abord, 2 choses sont sûres : tes parents doivent te chercher et ensuite, il est impossible de se perdre dans le bois de Paiolive. Il y a partout des panneaux pour montrer la direction. »
« Mais je ne sais pas lire » s’écria Margaux. « Il va falloir que tu m’aides. » « Cornebleu ! A-t-on déjà vu un hérisson aider une petite fille ? Et d’abord… Moi non plus, je ne sais pas lire » ajouta Alfred en baissant le museau.
Et Margaux se remit à pleurer… Et Alfred aussi car il aurait bien voulu savoir lire.
« J’ai une idée » s’écria Alfred. « On va aller voir Hypostène le hibou. C’est un grand savant et il nous dira comment faire. »
Et voilà, nos deux compères, Alfred le hérisson et Margaux la petite fille qui s’en vont sur le chemin pour voir le grand savant. Et ils chantent la seule chanson connue par tous les hommes et par tous les animaux : « Tralalala, tralalala… »
« Qui va là ? » dit une voix dans le noir. Hypostène était un vieux hibou, mal luné, déplumé et qui n’aimait pas qu’on le dérange.
« Cornebleu ! C’est Alfred le hérisson. Tu n’as pas reconnu mes piquants ? Et je suis avec une petite fille qui s’appelle Margaux… Elle est perdue et elle voudrait retrouver la voiture de ses parents… Et elle ne sait pas lire les panneaux»
« Je ne suis pas gendarme, je ne sais pas conduire et moi non plus, je ne sais pas lire et, en plus, je n’aime pas les petites filles » rétorqua le hibou.
« S’il te plait, joli hibou, aide-moi à retrouver mes parents ». C’était bien la première fois qu’on disait à Hypostène qu’il était joli. Alors, il devint tout rouge, gonfla les dix plumes qui lui restaient et ferma un œil. Il se posa sur son petit derrière, se gratta la tête avec une plume et décida de parler comme un savant.
« D’accord petite fille, je vais t’aider. Mais on va d’abord aller voir Mignonette la souris car, elle, elle sait lire »
Et voilà nos trois compères, Margaux, Alfred et Hypostène qui s’en vont sur le chemin pour essayer de trouver Mignonette. Et ils chantent, tous les trois, la chanson : « Tralalala, tralalala… »
« Mignonette ! Où es-tu ? Tu es tellement petite qu’on ne te voit pas. »
« Screuch, screuch, screuch… Si je ne peux plus manger mon gruyère tranquillement, je vais mal digérer… Et une souris qui digère mal, ça fait des trous partout ! »
« Excuse-nous, dit Hypostène… La petite Margaux est perdue et nous ne savons pas lire les panneaux pour retrouver l’endroit où se trouve la voiture de ses parents. »
Mignonette se sentit importante. Elle décida de s’asseoir sur ses deux petites fesses, se gratta la tête avec une croute de fromage et dit : « Oui, je sais lire mais il y a plusieurs parkings dans le bois de Paiolive… Si vous ne savez pas quel est le nom du parking, vous ne retrouverez pas la voiture… »
C’était vrai et Margaux redevint triste, Alfred gratta ses puces, Hypostène perdit 2 plumes et la moustache de Mignonette tomba d’un coup.
« J’ai une idée » s’écria Hypostène. « On va demander à Joséphine, la chauve-souris. Elle vole la nuit ; elle a un radar ; elle connait bien le bois et elle va retrouver la voiture des parents de Margaux. » Tout le monde applaudit à cette belle idée… Tout le monde sauf Margaux car elle avait un peu peur des chauves-souris.
Et voilà nos quatre compères, Margaux, Alfred, Hypostène et Mignonette qui s’en vont sur le chemin pour essayer de trouver Joséphine. Et ils chantent, tous les quatre, la chanson : « Tralalala, tralalala… »
Après avoir trouvé Joséphine pendue à un arbre, les 3 amis expliquèrent leur problème à la chauve-souris. « Pas de problème » répondit-elle. « Je connais le bois de Paiolive comme ma poche et avec mon radar et mes yeux perçants, je vais retrouver la voiture. »
Une demi-heure après, c’était chose faite. « Sur le parking ouest ; il reste une voiture et il y a des gens, des gendarmes et plein d’agitation… ».
« Cornebleu, On y va ! » s’écria Alfred. « Pas possible, ajouta Joséphine. Entre nous et le parking, il y a le petit ruisseau et il n’y a plus de pont… Alfred et Mignonette vont se noyer si on essaye de passer. » Et tous les cinq se mirent à pleurer.
« J’ai une idée, s’écria Hypostène, on va demander à Claquebidoche, le castor, de nous faire un passage. »
Et voilà nos cinq compères, Margaux, Alfred, Hypostène, Mignonette et Joséphine qui s’en vont sur le chemin pour essayer de trouver Claquebidoche. Et ils chantent, tous les cinq, la chanson : « Tralalala, tralalala… »
Quand ils eurent expliqué leur problème à Claquebidoche, celui-ci se posa sur son gros derrière et réfléchit. « Un pont ?? Pourquoi pas ! Il suffit que je coupe 2 gros arbres qui tomberont de l’autre côté du ruisseau et vous pourrez passer. »
Sitôt dit, sitôt fait. Et en moins de 3 minutes, Le castor rongea la base de 2 grands frênes et un pont fut ainsi créé.
Et voilà nos six compères qui passent le pont en chantant la chanson « Tralalala, tralalala. »
Arrivés sur le parking, Margaux se précipita dans les bras de ses parents qui criaient de joie. Mais un vieux gendarme se précipita vers les animaux en criant
« Voilà la bande de gangsters qui a enlevé la petite fille ! On va tous les mettre en prison ! »
« Non » s’écria Margaux « Ce sont mes amis et ils m’ont aidée. Laissez-les repartir dans le bois. »
Et après avoir expliqué à ses parents et aux gendarmes tout ce que les animaux avaient fait pour elle, Margaux dit à ses amis : « Voilà, vous pouvez repartir dans la forêt… Mais jamais je ne vous oublierai. Vous serez toujours mes amis » Et elle repartit avec ses parents.
Mais la semaine suivante, toute la famille, Margaux, Loulou et leurs parents, revint dans le bois de Paiolive avec des cadeaux pour tout le monde.
Et ils offrirent une bombe antipuces à Alfred, un tube de colle pour coller les plumes d’Hypostène, un gros morceau de fromage à Mignonette, une lampe torche à Joséphine et une tronçonneuse pour Claquebidoche.
Et ils firent la fêtent jusqu’au soir en chantant « Tralalala, tralalala… »
Ne cherchez pas dans les forêts… Vous ne trouverez pas de castor avec une tronçonneuse… Il n’existe que dans nos cœurs…
Papy Guînes
FIN
DE
L’HISTOIRE