Conte pour Héloïse
« Révolution… Révolution ! »
Héloïse était fort étonnée de voir des gens défiler dans la rue en criant « Révolution… Révolution ». Elle venait d’arriver, pour quelques jours de vacances, dans la principauté de Ralacasquette, petit pays situé entre le Grodurkistan et la Malotimpan. Et pour bien marquer le début de ses vacances, elle s’était acheté de nouveaux vêtements et avait changé sa coiffure… De façon originale… Peut-on dire !
Elle demanda à un jeune homme qui criait plus fort que les autres : « Pourquoi faites-vous une manifestation et pourquoi réclamez-vous une révolution ? »
« Parce que c’est la dictature ici ! MD est un tyran, malhonnête et c’est un voyou. »
« MD ! C’est qui ? » demanda-t-elle. « Mais c’est Marcel Duvieubourg, le dictateur, l’infâme tyran, l’abominable despote… On veut une révolution pour le faire partir.
- Mais qu’est-ce qu’il vous fait, ce fameux MD ?
- Tout ce qu’il y a de pire, il nous le fait. Il nous martyrise… Il nous fait des choses atroces. Figurez-vous, ma petite dame qu’il nous oblige, depuis des années, à regarder tous les matchs de football à la télévision… Et d’ailleurs, la télévision du dictateur ne diffuse que du football… 24 heures sur 24… Sur toutes les chaines ! »
« Mais c’est terrible. Quelle souffrance… » remarqua Héloïse.
« Je ne vous le fais pas dire, ma petite dame. En plus, quand il y a un match de l’équipe de la principauté, on est obligé de se déguiser, de crier et de boire de la bière. »
« Mais c’est intolérable… Quel monstre ! »
« Et tous les vêtements que l’on achète doivent porter un grand numéro 10 dans le dos…
En tous cas, ma petite dame, si vous voulez nous aider à faire chuter le tyran Marcel Duvieubourg, vous n’avez qu’à venir au meeting de la révolution du peuple. Nous, on réclame le droit de regarder autre chose que le football. Mais si vous venez avec nous, allez d’abord chez le coiffeur… Avec votre coiffure de sauvage, ça fait drôle ! »
Et le manifestant repartit en criant : « Y’en a marre du ballon rond ! A bas la dictature des footeux… »
Ce que ne savait pas ce jeune manifestant, c’est qu’Héloise était en réalité Super Pulco, un être aux pouvoirs formidables qui pouvait se transformer en fusée, voler dans les airs, soulever des poids énormes, nager sous l’eau pendant des heures… Bref, elle était plus forte que Superman. Et elle était comme cela parce que sa maman, pendant la grossesse, n’avait bu que du jus de citron et, du coup, Héloïse avait des pouvoirs extraordinaires. C’est vrai qu’aujourd’hui, elle était drôlement coiffée… A l’iroquoise. Mais c’était original et cela montrait qu’Héloise était une vraie guerrière.
Avant de venir dans la principauté de Ralacasquette, Héloïse n’imaginait pas le malheur de tous ces gens. Sans hésiter, elle décida d’aider le peuple à se libérer de la tyrannie footballistique de l’abominable Marcel Duvieubourg. Mais première chose à faire : aller chez le coiffeur… Pour avoir l’air un peu moins indienne.
Le premier salon qu’elle trouva était celui de Enzo Zitrone, grand coiffeur italien.
« Dites-moi madame. Vous ne buvez pas beaucoup de jus de citron, par hasard ? »
Comment avait-il deviné ? « Je dis ça, ajouta le coiffeur, parce que les cheveux raides comme cela, en plein milieu du crâne, c’est typique des gens qui consomment trop de citron. »
Héloïse répondit : « Non, non… Mais arrangez-vous pour je redevienne blonde, aux longs cheveux… Comme avant »
Ainsi fut fait et Héloïse retrouva son aspect de petite fille modèle.
Sitôt rentrée dans sa chambre d’hôtel, elle sortit une bouteille de Sicilium, pur jus de citron de Sicile, en mit quelques gouttes sur sa langue, claqua des doigts et se transforma en Super Pulco.
Elle ouvrit la fenêtre et s’envola : direction le palais du Président.
Arrivée devant le palais, des gardes voulurent l’arrêter…
« Non mais ! Où allez-vous comme ça ? » demanda le chef des gardes.
« Je vais foutre une raclée à Marcel Duvieubourg. » répondit Héloïse.
« Mais vous n’avez pas le droit ! Nous vous l’interdisons. »
Mais ils ne connaissaient pas Super Pulco.
En deux temps trois mouvements, elle sauta sur les deux gardes, les ligota et les attacha au pied d’un arbre. « Si vous bougez, je vous transforme en saucisson de cheval » rajouta Héloïse.
Entée dans le palais du président, elle trouva rapidement les appartements de MD. Le tyran était en train de manger de la soupe de crapaud, soupe toujours appréciée par les dictateurs. La télévision était allumée et l’infâme regardait la 3956ème diffusion du match de football France-Papouasie de 1924 , en compagnie de quelques amis papous.
« Que voulez-vous ? » s’écria-t-il en voyant entrer Super Pulco.
« Je viens te guérir de ta folie footballistique, espèce de tyran immonde. »
« Mais de quel droit ? Le football est la plus belle des choses… »
« N’importe quoi !» s’écria Super Pulco. Les amis de MD, sentant l’orage approcher, se levèrent et s’enfuirent en criant « Papous, pas fous ! ».
« Abominable tyran… Sais-tu combien d’habitants de ta principauté ont fait des cauchemars à cause de cette obligation de regarder le football en permanence ? »
« Je ne sais pas, répondit MD… Ce n’est pas écrit sur Google. »
Encore plus furieuse, elle ressortit son flacon de Sicilium, en remit trois gouttes sur sa langue et elle se précipita sur l’abominable MD. Elle l’attrapa par les cheveux, lui tira les oreilles, lui mordit les deux orteils, lui tordit le nez, lui enfonça le doigt dans le nombril et finalement, lui administra une bonne fessée. MD était défiguré. « Pitié, pitié » criait-il.
Super Pulco arrêta de le chatouiller et lui dit :
« Marcel Duvieubourg, tu es un être immonde et je vais te punir de toutes les méchancetés que tu as fait subir à ton peuple. Voilà mes sanctions :
- Désormais, tu n’utiliseras que du vinaigre balsamique.Tous les autres vinaigres te sont interdits…
- N’achète plus de café car, à partir d’aujourd’hui, tu ne boiras que du thé… Et pas n’importe quel thé : du thé de la marque Divorce Sœur… C’est une obligation »
MD pris un air triste et murmura : « Vous êtes dur avec moi. »
« - En plus, tu ne pourras t’habiller que dans un seul magasin de la principauté : le magasin Malpart »
« Pourquoi justement là ? »
« Parce que les pulls coûtent dix fois plus chers et se trouent dix fois plus vite »
« Mais vous êtes sans cœur ! » se mit à gémir MD.
« - Tous les mercredis, tu seras obligé de lire Le Palmipède Ligoté, un journal satirique qui ne parle que de toi et tu m’enverras un compte-rendu. »
« Mais c’est inhumain ! ».MD éclata en sanglots.
« Et dernière punition : du matin au soir tu porteras des gants de boxe »
« Pourquoi faire ? J’aime pas la boxe !»
« Non, c’est pour t’empêcher de te servir de ton portable ! »
Marcel Duvieubourg devint tout rouge, se mit à trembler, eut un hoquet et tomba dans les pommes. C’était plus que son petit cœur ne pouvait supporter.
Super Pulco avait gagné et le dragon MD était terrassé.
Certains s’évanouissaient par manque de sucre, manque de sommeil ou manque de tension. MD s’évanouissait par manque de portable… Problème hyper dangereux !
Quand les manifestants apprirent ce qu’avait fait Héloïse, ils crièrent de joie, lancèrent des pétards et firent la fête durant toute la nuit ; mais tous se demandaient qui était ce Super Pulco. Héloïse, qui avait repris son aspect de petite fille sage s’amusait d’entendre tout le bien que les gens disaient de l’héroïne qui avait sauvé la principauté. Mais elle décida de retourner chez le coiffeur pour reprendre sa coiffure d’iroquois…
Et depuis ce temps-là, les habitants de Ralacasquette regardent ce qu’ils veulent à la télé… Et ils sont très heureux !
Il est, quand même à noter que, depuis ce jour, la boisson nationale est devenue la citronnade et que le gâteau reconnu comme patrimoine national, c’est la tarte aux citrons… Allez savoir pourquoi !!!
Ne cherchez pas chez les coiffeurs…
Vous ne trouverez pas de Super Pulco..
Elle n’existe que dans nos cœurs…
Papy GUINES